UniRef : une lumière d’espoir pour les réfugiés au Burundi
De nombreuses ONG s’occupent de l’éducation primaire et secondaire dans les camps de réfugiés, mais après ? Après avoir passé le bac, les jeunes reçoivent une bourse, au mieux…
C’est pour donner des perspectives d’avenir aux réfugiés, et surtout leur redonner l’espoir, qu’est né UniRef : une université à l’intérieur du camp de Musasa au Burundi.
A l’origine de ce fabuleux projet, Yvelyne Wood. Cette artiste plasticienne engagée, a toujours souhaité témoigner sur les parties sombres de l’histoire à travers l’art. Elle s’est dit que le temps était venu d’agir. L’UNHCR (Haut commissariat aux réfugiés) lui a donné envie de s’impliquer dans l’humanitaire. Yvelyne Wood a ainsi décidé de créer Swiss International Humanitarian Organization (SIHO) en 2013.
Le projet UniRef commence à prendre forme, soutenu par Yvelyne Wood, son conjoint puis Jacques Soppelsa, président honoraire de la Sorbonne. L’équipe qui s’est agrandi avec Jean-Noël Wetterwald, conseiller spécial d’UniRef et Anne-Gaëlle Saïah, directrice académique, est entièrement bénévole.
Le projet pilote sera mené dans un camp du Burundi, Musasa, créé en 2007. Le choix s’est porté sur ce camp car la moyenne d’âge est plutôt jeune et que 90% des jeunes ont réussi à obtenir leur bac.
200 jeunes bacheliers sélectionnés passeront un test d’évaluation en mai.
UniRef donne ainsi une chance aux jeunes à un âge vulnérable. Le projet ne se limite pas seulement aux réfugiés. Il s’adresse également aux jeunes habitants vivant à proximité du camp. Ils représenteront 25% des effectifs. UniRef veut ainsi échapper à certaines critiques. Parfois, la population locale trouve que les réfugiés sont mieux traités qu’elle-même.
La première année, propédeutique, s’appuie sur les programmes du CNED. Ensuite, les étudiants pourront choisir entre différents parcours. UniRef reprend le parcours BTS qui a fait ses preuves en France. Il proposera aussi des bachelors et des masters. Les formations seront en rapport avec les enjeux de la région des grands lacs.
Parmi les disciplines, le jeune pourra étudier la comptabilité, le commerce, le marketing, l’agrobusiness et l’informatique. L’Université d’Ngosi a accepté d’envoyer ses enseignants dans le camp pour dispenser les cours d’informatique et d’agrobusiness. Les Moocs seront proposées après la première année.
L’EPFL (Ecole polytechnique fédérale de Lausanne), l’Université Paris I Panthéon Sorbonne, l’Ipac (Institut des professions des affaires et du commerce) sont également des universités ou écoles partenaires.
A la fin de la formation, les étudiants obtiendront un certificat ou un diplôme, parfois avec une double reconnaissance.
Le but de la formation est de leur donner les outils pour sortir du camp, s’intégrer dans le tissu économique local, ou retourner chez eux… Ainsi, ils pourront être indépendants et choisir leur destin.
L’équipe enseignante comptera une dizaine de personnes, toutes du Burundi.
Concernant le budget, les époux Wood ont apporté le capital de départ mais les besoins sont toujours très importants. Ils comptent sur un budget de 850 000 dollars et ont un besoin immédiat de 200 000 à 300 000 dollars. Ils iront voir en premier les gouvernements francophones afin de leur demander leur aide et soutien.
L’opération est saluée par le HCR qui doit protéger près de 17 millions de réfugiés. Malheureusement, avec les coupes budgétaires, le HCR a des moyens limités. Il souhaite qu’en cas de succès, UniRef soit reconduit ailleurs.
L’ambassadeur du Burundi en France, Dieudonné Ndabarushimana, qui a aussi été réfugié pendant 10 ans au Cameroun, encourage le projet, qui redonnera l’espoir aux réfugiés. Le Burundi, Suisse de l’Afrique, a connu une période de conflits et d’exil avant de devenir lui-même une terre d’asile, notamment pour les Congolais. Le pays compte plusieurs milliers de réfugiés.
Pour ceux qui craignent que cette initiative n’entérine en quelque sorte l’existence du camp, il faut rappeler quelques faits. La durée moyenne des camps de réfugiés s’élève à 13 ans et la capacité de résoudre les conflits est très réduite. L’action est nécessaire pour ne pas laisser un grand nombre de jeunes en marge des études supérieures. Il est évident qu’un tel projet doit être précédé d’une étude d’impact. Et puis, comme dit son excellence l’ambassadeur du Burundi, si juste après l’arrivée d’UniRef, « Abracadabra » et tous les conflits en Afrique disparaissent, ça n’en sera que mieux !
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