Le 20-Heures de TF1 : de la nourriture pour nos sens

Le JT est un cérémonial. Toute la famille en profite, en général à l’heure du dîner. Celui de TF1 est le plus regardé de France. Mais quels signes nous envoie-t-il ? La sémiologie aide à décrypter des sens plus ou moins cachés… Sans complaisance ni théorie du complot, les codes et les couleurs nous en apprennent beaucoup sur cette institution encore inamovible. Analyse.

Roulements de tambours, avalanche de cordes dont le volume va crescendo, jusqu’au climax. Ce sont les trois premières secondes de la musique des « infos », qui tient en respect la famille la plus récalcitrante. Et pour cause. Le thème est celui des Dents de la mer, à peine remasterisé (voir vidéo ci-dessous). Si, du temps de nos aïeux, le bénédicité rappelait chaque jour notre humble situation de mortel, le générique instille les mêmes sentiments universels : la peur de ce qui pourrait arriver, et la joie soulagée et voyeuriste d’être devant le poste, et non dedans.

Une fois l’attention captée, Laurence Ferrari présente le menu. La femme-tronc, assise et les jambes sous la table, prend place à nos côtés. Devant un fond dont les tons bleus rassurent et apaisent, la voix se veut lénifiante pour faire passer en douceur une volée d’horreurs. Mais ne murmure pas à l’oreille des ménagères qui veut. Si deux générations de Français aimeraient appeler PPDA « Papa », la nouvelle papesse de la grand-messe n’a pas une once d’empathie maternelle. Les audiences braillent – mais redoublent de risettes à la vue de Claire Chazal, plus convaincante dans notre rapport freudien à l’information.

Puis le repas se déroule : en entrée, que des mets habituels, presque banals. Une tomate pour un marronnier, une grève dans la salade, assaisonnée quand même de vinaigrette et d’une catastrophe naturelle. Et le ton se fait plus grave : « C’est l’enquête, de ce 20-Heures ». Le rôti se découpe avec respect. Les petits pois, dégustés avant et après, sont autant de faits divers sordides, âpres mais enivrants comme du bon vin. L’estomac, craignant un ulcère, refuse un deuxième service, l’actualité internationale prend donc la suite. Comme le fromage, certains l’aiment forte, d’autres fade. Enfin, le dessert réjouira petits et grands. La culture et le sport, sucrés à souhait, prouvent que la vie est belle, malgré tout ce qu’on a avalé avant. Plus d’inquiétude, on peut se laisser aller à un petit digestif pendant qu’Evelyne Dhéliat nous annonce ce qu’elle va nous redire après la pub. En terrain connu, nous revoilà disponibles pour la suite des programmes.

Que Patrick Le Lay se rassure. Beaucoup de familles françaises ont du Coca-Cola sur la table.

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