Insertions des jeunes : propositions du CESE entendues par le gouvernement ?
Le 25 mars, le CESE présentait son avis « Sécuriser le parcours d’insertion des jeunes » à l’assemblée plénière du Conseil économique, social et environnemental (CESE). L’avis a été validé avec 117 votes pour, 0 contre et 42 abstentions.
A cette occasion, Patrick Kanner, ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sport a annoncé qu’il organiserait le 3ème conseil interministériel de la jeunesse qui accueillera 300 jeunes. Quatre rendez-vous prépareront cet événement, dont un dédié à l’accès aux droits des jeunes.
La plupart des dispositifs mis en place pour lutter contre l’aggravation de la situation des jeunes a été menée localement. Le CESE propose de mettre en place des actions plus globales et surtout plus pérennes.
Avec la garantie jeunes, le jeune bénéficie de 6 semaines d’accompagnement avec la mission locale. Il est ensuite accompagné pendant un an dans sa recherche d’emploi ou de formation. 10 000 jeunes ont pu en profiter en 2014, 50 000 en 2015 et 100 000 en 2017. Mais 1 million de jeunes en auraient besoin… Comme le service civique, le CESE demande à ce que la garantie jeunes soit un droit pour tous les jeunes qui sont ni en emploi ni en formation. Il réclame une assouplissement des conditions, le droit au recommencement ou encore la prolongation de la période d’adaptation.
La garantie jeunes bénéficie aussi des financements de l’Union européenne.
Le CESE propose que les missions locales, qui ont un statut d’association, ne perdent pas tant de temps dans les tâches administratives. Elles doivent déposer une vingtaine de dossiers de subvention par an ! De plus, les conseillers des garanties jeunes sont pris en CDD car il existe une incertitude quant à la poursuite du dispositif. Ainsi, ils accompagnent un jeune en étant eux aussi en situation de précarité.
Le contrat jeune majeur est un programme discrétionnaire mis en place par les conseils départementaux. Il s’adresse aux jeunes issus de l’Aide sociale à l’enfance (ASE). Le CESE souhaite qu’il soit généralisé pour tous les jeunes de l’ASE jusqu’à 21 ans voire 25 ans.
Le CESE espère que la création de la prime d’activité, fusion de la PPE (prime pour l’emploi) et du RSA-activité, inclura tous les jeunes ayant un contrat de travail (étudiants, apprentis…).
En ce qui concerne le RSA-socle à partir de 18 ans, certains estiment que la garantie jeunes devrait suffire. Une étude d’impact pourrait venir éclaircir le sujet.
Le CESE souhaite aussi rendre effectif le droit à la qualification et à la formation avec un compte formation initiale.
Concernant la santé et les jeunes, le CESE regrette que les politiques publiques traitent essentiellement des addictions. Il salue l’initiative, maintenant bien en place, d’un bilan buccodentaire gratuit pour les mineurs. Les jeunes continuent souvent leur visite annuelle lorsqu’ils deviennent adultes. Le CESE souhaite que ce genre de pratique soit reproduite dans d’autres domaines de la santé. La médecine du travail constate que de nombreux jeunes sont victimes d’accidents car ils ne connaissaient pas toutes les précautions à prendre.
Le Conseil souhaiterait que les jeunes bénéficient encore des aides et du rattachement au foyer fiscal des parents lorsqu’ils prennent un logement. Il aimerait aller vers la garantie universelle des loyers.
Le CESE souhaite que le travail interministériel se poursuive. Il préconise que la région coordonne les politiques de jeunesse. Actuellement, on observe une concurrence malsaine entre les territoires. Ils encouragent également la participation des jeunes au CESE et au CESR (conseil économique, social et régional).
Citée en exemple, la Lorraine a créé LOR’jeunes afin de mettre autour de la table les collectifs jeunesse, les acteurs des associations et des missions locales et les services de l’État.
Les jeunes doivent utiliser les CRIJ (centre régional d’information jeunesse), PIJ (point information jeunesse), BIJ (bureau information jeunesse) pour être orientés vers le bon interlocuteur. En Rhône-Alpes, un jeune attend en moyenne 28 mois entre la fin de sa formation et son entrée dans une mission locale.
Le CESE propose aussi la création d’un Conseil d’orientation des politiques de jeunesse pour que les décisions concernant la jeunesse soient prises suite à une concertation. Cette demande a été acceptée par le ministre Patrick Kanner.
Concernant le financement, le gouvernement a investi 100 millions d’euros en 2014 et 160 millions d’euros en 2015, principalement dans le cadre de la garanti jeune. L’Union européenne, dans le cadre de la garantie européenne pour la jeunesse.
Le CESE aime parler d’investissement pour une jeunesse qui va devoir rembourser la dette et relever des défis environnementaux.
Des économies pourraient être faites en supprimant le mille-feuille des dispositifs et aides à l’attention des jeunes.Comme le dit Antoine Dulin, représentant des Scouts et Guides de France et membre du bureau du CESE au nom des organisations étudiantes et mouvements de jeunesse :
« Miser sur la jeunesse, c’est miser sur l’avenir ».
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