Nadine Morano déraille en évoquant la « race blanche » de la France et ébranle son parti
Le 26 septembre dernier, Nadine Morano, députée européenne, tête de liste aux élections régionales pour la Meurthe et la Moselle et candidate à la primaire des Républicains pour les élections présidentielles de 2017, est l’invité politique de l’émission de seconde partie de soirée de Laurent Ruquier, On est pas couché. Lors de l’interview qui dure une heure, le débat se dirige vers la question de la présence des réfugiés étrangers sur le sol français. A ce propos, Mme Morano déclare :
« La France a besoin d’être dans une cohésion nationale pour garder un équilibre dans le pays, c’est à dire dans sa majorité culturelle. »
Elle a défendu l’idée de quotas d’immigration « en fonction des compétences dont le pays (la France ndlr) a besoin et du continent de provenance. » La députée continue en citant les dires du général Charles de Gaulle retranscrits dans le livre d’Alain Peyrefitte, C’était de Gaulle publié en 1994. Ce livre comprend des citations « crues » de de Gaulle, notées par son greffier.
« Nous sommes un pays aux racines judéo-chrétiennes. La France est un pays de race blanche dans laquelle on accueille aussi des personnes étrangères. »
Surprise et indignation sur le plateau suite à ses déclarations, la députée a argumenté « je suis désolée, c’est un mot (race) qui est dans le dictionnaire, je ne vois pas en quoi il est choquant. » Le journal Le Monde dans un article datant du lendemain des faits souligne que « si « race » se trouve en effet dans les dictionnaires – le Larousse signale d’ailleurs dans sa définition que le mot « est au fondement des divers racismes et de leurs pratiques » – il a été supprimé en 2013 de la législation française par l’Assemblée nationale. » Le texte proposé par les députés Front de gauche, qui fut adopté évoque le fait que « la République combat le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie. (et qu’)Elle ne reconnaît l’existence d’aucune prétendue race ».
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Le général De Gaulle a, en effet, prononcé cette phrase en 1954 en pleine guerre d’Algérie. Il est extrêmement important de souligner l’époque dans laquelle le général a évolué parce que celle-ci influence son point de vue et son vocabulaire. Il est né à la fin du XIXème siècle et a grandi dans un contexte fondamentalement différent de celui de Mme Morano, la « race » était alors une notion très répandue, comme le souligne l’historienne Madeleine Rebérioux, dans son étude Le mot « race » au tournant du XXème siècle (1992). Le général de Gaulle a pu tenir des propos choquants pour la société dans laquelle nous vivons actuellement, ces propos se rapprochent davantage de l’usage sémantique de l’époque, et en aucun cas ils ne peuvent être tenus et cités en exemple aujourd’hui.
Suite à ces déclarations, qu’elle a décidé de maintenir le mercredi 30 septembre alors qu’elle était l’invité d’Europe 1 dans la matinale de Thomas Soto, Mme Morano s’est attirée les foudres de son parti, Les Républicains. Elle risque de se faire retirer des élections régionales pour la région Est. Nicolas Sarkozy, dont Mme Morano a longtemps été un fidèle soutien, a pris ses distances avec l’ancienne ministre. A l’issue d’une réunion de travail du parti ce même mercredi, M. Sarkozy s’en est pris aux auteurs de « dérapages plus liés à un souci de publicité personnelle qu’à une réflexion approfondie. » actuel secrétaire général du parti, il ajoute :
« Tout ce qui vient nourri et enrichir le débat est bienvenu. Il n’y a pas de pensée unique ici. Mais que l’originalité de chacun dans la famille soit mis au service d’un projet collectif et non pas au service de soi-même. (…) Chacun doit avoir conscience de ses responsabilités, spécialement à deux mois des régionales. Je dois dire à tous ceux qui cherchent la provocation : provoquez-vous tout seul, mais laissez-nous conduire et préparer les élections régionales. »
Le chef du parti des Républicain avait alors demandé l’éviction de Nadine Morano de la campagne pour les élections régionales qui auront lieues en décembre. Le 6 octobre l’ancien chef de l’Etat est revenu sur ses positions, en acceptant de voir Mme Morano et en lui proposant d’éviter l’éviction en rédigeant une lettre où elle s’excuserait publiquement, proposition que Mme Morano a refusé. La Commission Nationale d’Investiture du parti Les Républcains s’est réunie le mercredi 7 octobre au soir pour décider du sort de Nadine Morano. La commission a voté à l’unanimité pour l’exclusion de la députée européenne. Monsieur Sarkozy a proposé que Mme Valérie Debord remplace Mme Morano comme tête de liste en Meurthe-et-Moselle. Cette sanction met fin aux douze jours de polémiques causés par les déclarations de la députée européenne sur le plateau d’On est pas couché, le samedi 26 septembre.
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