Politique : François Hollande et le devoir de refuser certains mots
Le chef de l’Etat s’est rendu au camp des Milles (le seul grand camp français d’internement et de déportation pendant la Seconde guerre mondiale encore intact), situé près d’Aix-en-Provence, ce jeudi 8 octobre, pour la cérémonie en hommage aux Juifs déportés en 1942. C’est au cours de son discours, que le chef de l’Etat est revenu sur les événements de ces dernières semaines. Il a déclaré, en citant Charles Péguy (écrivain français notamment connu pour avoir lutté contre l’antisémitisme pendant l’Affaire Dreyfus) :
« L’intolérance qui conduit à la discrimination, l’ignorance qui nourrit la haine, l’indifférence qui tolère ces dérives. Il y a plus grave que d’avoir une âme perverse, c’est d’avoir une âme habituée. »
Le président a également déclaré, en précisant que la ressource pour l’unité essentielle de la Nation se trouve dans la République :
« La République ne connaît pas de race ni de couleurs de peau, ne reconnaît pas de communauté. Elle ne connaît que des citoyens libres et égaux en droit et ce principe n’est pas négociable et ne le sera jamais. »
C’est alors que le président a annoncé devant témoins et devant la Ministre de l’Education, Madame Najat Vallaud-Belkacem, ainsi que la Ministre de la Justice, qu’il a cité :
« J’ai demandé à la garde des sceaux, Madame Christiane Taubira, de préparer d’ici la fin de l’année un texte qui réformera le code pénal pour faire de toute inspiration raciste ou antisémite une circonstance aggravante pour une infraction telle qu’elle soit et quel’qu’en soit l’auteur. »
Les circonstances aggravantes sont des faits dont la survenance liée à la commission d’une infraction augmente la peine dont est passible son auteur. Cas par cas, la loi prévoit les circonstances aggravantes, qui relèvent par conséquent du droit pénal spécial. Cette dernière décision fait clairement référence aux propos qu’a tenu la députée européenne Nadine Morano. Le président a également ajouté « Nous avons le devoir de refuser certains mots qui sont prononcés et dénoncer les effets de ces mots qui traduisent les divisions, les amalgames, le ressentiment, les discriminations ». Cette dernière phrase s’adresse également au Front National.
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