Service civique : François Hollande veut élargir l’accès au dispositif
Comme chaque année, le Président de la République a présenté ce 11 janvier ses vœux à la jeunesse du pays. Ce discours d’une demi-heure s’est tenu dans le cadre de la Maison de la radio, et entre une citation de David Bowie et un hommage aux victimes des attentats du 7 janvier, une annonce a tout particulièrement retenu l’attention.
Elargir le service civique
Cette proposition, ce serait l’élargissement de l’accès au service civique à 150 000 jeunes par an, soit la moitié d’une classe d’âge. Aujourd’hui, seul un jeune sur quatre postulant pour à ce dispositif voit sa demande aboutir. Tel qu’il existe aujourd’hui, le service civique s’adresse aux jeunes de 16 à 25 ans et leur propose d’effectuer des missions pour des établissements de service public (musées, administrations publiques…) ou des associations. Cela permet à la fois de se faire une première expérience professionnelle et de s’engager au service de la communauté.
Elargir ce dispositif est depuis longtemps dans les projets de François Hollande. Il a même inscrit le service civique « universel » dans ses promesses de campagne en 2012 avant de reculer devant la complexité et le coût du dispositif.
Aujourd’hui, le service civique devrait donc proposer 150 000 missions par an. Cela représente une très forte augmentation des places disponibles. Pour cela, le président promet d’augmenter le budget qui y est alloué à « plus d’un milliard » d’euros, contre 300 millions actuellement. Serait également mis en place un « carnet d’engagement »
Lutter contre le chômage des jeunes
Cet intérêt pour le service civique de la part du gouvernement s’explique d’une façon simple : là où François Hollande avait déclaré que faire diminuer le chômage des jeunes serait une priorité, ce nombre ne diminue pas, voire tend à augmenter. En effet, en août 2015, 24,5% des moins de vingt-cinq ans étaient au chômage, soit près de un sur quatre.
Or, 150 000 jeunes en service civique, ce sont autant de chômeurs en moins. L’élargissement du service civique serait ainsi un moyen d’améliorer le bilan présidentiel sur le chômage des jeunes alors que le secteur privé ne leur fournit pas assez d’emplois.
Faire d’une pierre deux coups ?
Mais cette mesure n’est pas non plus totalement désintéressée. En effet, les jeunes en service civique représentent également une main d’œuvre très peu coûteuse pour le secteur public. Même si les entreprises ne peuvent pas proposer de contrat de ce type, ils représentent un véritable pain béni pour les établissements publics et les associations.
En effet, le service civique ne relève pas du droit du travail classique : le volontaire ne reçoit pas de salaire, mais une indemnité versée par l’Etat, comprise entre 467 et 573 euros nets par mois. Elle n’est pas corrélée au nombre d’heures hebdomadaires, qui peuvent aller jusqu’à 48 heures de travail par semaine. Et même si une telle durée est censée rester exceptionnelle, les témoignages de volontaires travaillant jusqu’à 60 heures par semaine régulièrement ne manquent pas.
Or, la loi de finances qui fixe le budget de l’Etat pour l’année 2016 prévoit une baisse des dépenses publiques de seize milliards d’euros. Engager des volontaires en service civique très peu payés et aux horaires plus flexibles plutôt que des fonctionnaires permettrait d’atteindre cet objectif à peu de frais. C’est ainsi que le gouvernement a créé de nombreux postes de service civique en septembre dernier afin de prendre en charge l’accueil des migrants. Or il s’agit d’une tâche nécessitant une réelle formation dans le domaine social ou juridique : rédiger des demandes d’asile et de droits sociaux ne s’improvise pas, il s’agit habituellement d’une profession spécialisée, celle d’assistante sociale.
Là où François Hollande met en avant un dispositif pour renforcer la société française et lutter contre le chômage des jeunes, on peut toutefois craindre une baisse de la qualité d’un service public qui serait délégué à des volontaires surchargés et peu payés.
« Bac+3 : Licence Sciences et Humanités, MarseilleEtats-Unis : la Maison Blanche sur Snapchat »