Emmaüs : Franck Leton, salarié au sein de l’association, nous parle de son engagement et de la 17ème édition du Salon Emmaüs de Paris

Nombreux sont les jeunes souhaitant apporter leur pierre à l’édifice du monde associatif et humanitaire. Et justement, le dimanche 5 juin se tiendra la 17ème édition du Salon Emmaüs. Une rencontre qui permettra, non seulement, d’engendrer des bénéfices pour l’organisation ayant pour objectif de prendre en charge des personnes en situation d’exclusion sociale et professionnelle, mais aussi, d’aller à la rencontre des ressources humaines mobilisées afin d’assurer la continuité de l’aventure Emmaüs. Une aventure née en 1949 sous l’impulsion de l’Abbé Pierre. Afin de nous parler de ce Salon, ainsi que de son engagement au sein d’Emmaüs, Planète Campus a interrogé Franck Leton, responsable de la communauté d’Ivry-sur-Seine, Emmaüs Liberté.

 Rencontre.

 

 Qu’y aura-t-il à découvrir lors de ce 17ème Salon Emmaüs ?

200 groupes qui viennent de l’Europe entière, mais principalement de France, y sont conviés. Les visiteurs pourront se rendre dans différents stands consacrés à la réparation informatique, à la menuiserie, etc. De grandes thématiques y seront, également, abordées. On pourra, notamment, faire découvrir les métiers d’Emmaüs. Nous avons lancé un site de vente qui va être proposé au public aussi. Bref, on va retrouver tout ce que propose Emmaüs dans le mouvement.

 

A quoi serviront les bénéfices récoltés par les espaces de vente d’Emmaüs lors de cette rencontre ?

Les bénéfices iront, comme les années passées, au profit de l’ensemble des projets d’Emmaüs international. Selon les problématiques, propres à chaque année, certains projets seront privilégiés par rapport à d’autres. Cette année, encore, les compagnons veilleront à ce que ce soit les problématiques les plus prégnantes qui bénéficient de ces moyens financiers collectés.

 

Ce Salon n’est que la partie émergée de l’iceberg de votre engagement. Qu’est-ce que s’engager pour Emmaüs concrètement ?

On peut s’y engager de différentes manières. Pour ma part, je me suis engagé auprès d’Emmaüs, il y a maintenant 17 ans. Mon engagement a été motivé par ma volonté de vivre des valeurs que je ne retrouvais pas dans le monde du travail (hors contexte associatif). J’ai donc décidé d’aller chercher quelque chose qui promeut des valeurs de solidarité, de partage, ou tout simplement, quelque chose qui nous permet de prendre le temps dans son engagement. Et c’est justement toutes ces choses que je vous ai citées que promeut Emmaüs. Dans mon travail, je prends le temps de répondre à certaines problématiques afin que chacun puisse trouver sa place dans la société progressivement. On travaille avec les Hommes, pour les Hommes ! Toute l’activité d’Emmaüs est destinée au bénéfice de tous ceux qui, a un moment donné, ont pu se sentir exclus…

 

Quels conseils pourriez-vous donner à ces jeunes souhaitant s’engager dans le monde humanitaire et/ou associatif ? Peut-être même à Emmaüs ?

La réponse qui a été faite par l’Abbé Pierre dès 1949 au problème d’exclusion est toujours la même aujourd’hui. Nous essayons simplement de l’offrir dans une forme très moderne. Emmaüs travaille sur différents plans  : sur l’accueil des personnes exclues, sur les problèmes environnementaux, ou encore, sur l’accompagnement des personnes. On tente de répondre aux problématiques qui s’imposent à nous. De ce fait, il est évident que nous avons besoin de jeunes ! Nous avons besoin de leur capacité de réflexion, de leur capacité d’adaptabilité à une société qui évolue constamment, et de nous permettre, donc, d’être en lien avec cette société. Ce Salon est justement un moment de rencontre et d’échange.

 

Est-ce que le climat morose, tant sur le plan économique, social que politique, vous amène à constater une diversification et un accroissement du public qui vous sollicite ?

En ce qui nous concerne, nous nous situons en région parisienne, et ce positionnement correspond à un carrefour de grands flux migratoires qui viennent de toutes les régions du monde. Ainsi, nous accueillons des réfugiés politiques, économiques, et sociaux. Certains viennent sans doute chercher un mirage et ne trouvent pas ce qu’ils ont pu imaginer en venant en France. D’autres fuient une réalité qui devient trop dure à vivre. Ce qui est certain, c’est que nous avons de plus en plus de demandes. Le public qui nous sollicite davantage est, sans surprise au vu de l’actualité internationale et économique, celui des réfugiés et des migrants. Parfois, ils  perçoivent Emmaüs comme une sorte d’entreprise qui permettrait d’obtenir un travail, une transition avant de recevoir les papiers, ou même un moyen de les obtenir plus rapidement, alors qu’Emmaüs n’a pas de passe-droit. Ce recours à Emmaüs par des réfugiés et des migrants s’explique tout simplement par le fait qu’ils n’ont droit à rien. Ils sont totalement abandonnés… Quand ils se rendent au Resto du cœur, par exemple, ils doivent justifier leur présence en prouvant qu’ils ont le droit de bénéficier à cette aide. On assiste à une population de plus en plus précarisée…

 

Propos recueillis par Latifa El Houari.


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