[INTERVIEW Ahmed] LabCitoyen 2016 : quand les jeunes du monde entier discutent des droits de l’Homme et de la santé

La 4ème édition du LabCitoyen s’est tenue du 3 au 11 juillet, à Paris. Le programme, initié par l’Institut français, a réunit, cette année, 52 jeunes francophones du monde entier, âgés entre 20 et 26 ans. Au centre des discussions pour cette édition : les droits de l’Homme et la santé. A l’occasion de la cérémonie de clôture du programme LabCitoyen, Planète Campus s’est rendu au Ministère des Affaires étrangères et du Développement international, là où se tenait l’événement, afin d’aller à la rencontre de 2 participants : Larissa, une avocate hondurienne, spécialisée dans les droits de l’Homme, et âgée de seulement 22 ans; Ahmed , un étudiant en médecine tuniso-marocain, âgé de 24 ans. 

Rencontre. 

[Deux interviews du LabCitoyen sont à découvrir. Ici, la seconde, celle de Ahmed.]

 

Comment as-tu entendu parler de l’évènement LabCitoyen ?

J’ai été contacté par des représentants de la vie associative de l’Institut français de Sfax. Ils m’ont demandé si je serais, éventuellement, intéressé par cette rencontre. Les thématiques abordées m’ont tout de suite intéressé, et j’ai répondu présent.

 

Quel est ton parcours (académique, associatif, etc.) ?

Je suis étudiant en médecine. Parallèlement, et depuis 5 ans, je suis impliqué dans le milieu associatif. J’ai collaboré à bon nombre de projets en lien avec la santé publique et les droits de l’Homme. J’ai, notamment, participé au projet Caravanes de santé. Il s’agissait de visiter de endroits reculés afin d’offrir des visites médicales pluridisciplinaires aux habitants, une distribution gratuite de médicaments, ainsi qu’un dépistage de troubles visuels aux écoliers. On avait, d’ailleurs, coopéré avec un opticien local afin de fournir, gratuitement, des lunettes.

 

Quelle est la situation actuelle, en Tunisie, du système de santé ?

Il faut dire que l’accès aux médicaments n’est pas toujours simple. La Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM) n’est pas très performante. Elle est passée par de nombreuses crises. Originaire de Sfax, je peux vous rendre compte de la situation de cette ville, en particulier. Nous avons un CHU qui draine tout le sud tunisien. On a une forte concentration des médecins dans les grandes villes au détriment des petites villes. [Rappelons que durant les mandats de l’ancien président Zine el-Abidine Ben Ali, le développement du nord du pays était favorisé au détriment de celui du sud.] La qualité des soins dans la majorité des hôpitaux publiques tunisiens est médiocre. Bien sûr, les personnes ayant une bonne couverture médicale peuvent accéder à des soins de qualité en se faisant soigner dans le privé. Mais c’est au-dessus des moyens d’une bonne partie de la population.

 

Qu’as-tu tiré de cette semaine au LabCitoyen ? Qu’aimerais-tu importer dans ton pays, la Tunisie ?

J’aimerais promouvoir des campagnes de plaidoyer pour que l’accès à la santé soit plus simple. Il me semble qu’en Tunisie les revendications d’un accès plus simple à la santé arrivent en seconde position. Effectivement, une importante partie de la population ne se nourrit pas à sa faim, et n’a pas de toit. Donc c’est là que se trouve la priorité du gouvernement avant tout. Disons que ce sont des objectifs à long terme, et que ce n’est pas dans l’agenda politique actuellement. Le LabCitoyen m’a, par ailleurs, fait découvrir le travail mené par Médecins du Monde. Une organisation que je ne connaissais pas auparavant. Les causes servies par Médecins du Monde rejoignent totalement celles que je souhaite défendre. J’ai pu aussi découvrir des domaines de recherches à travers le travail de l’Institut Pasteur. Le LabCitoyen m’aura permis d’avoir un échange extrêmement riche avec mes camardes venus des quatre coins du monde.

 

C’était la première fois que tu participais à ce genre de rencontre ?

J’ai déjà eu la chance de réaliser deux échanges. Le premier était dans le cadre d’EUROMED, lorsque j’étais au lycée. J’avais eu l’occasion de rencontrer des participants venant de 4 pays différents : le Liban, la Tunisie, la France et la Hongrie. Nous avons eu l’occasion de traiter de la thématique de l’égalité entre les hommes et les femmes à travers une pièce de théâtre que nous avons montée et jouée devant une assemblée. J’ai, également, pu réaliser un stage dans un hôpital en République Tchèque, en 2013, durant un mois. J’étais avec des étudiants en médecine originaires d’une quinzaine de pays.

 

Selon toi, quel est le pays ayant le meilleur système médical au monde ?

Je pense que c’est Cuba car tout est gratuit. Le développement du pays est essentiellement axé sur la santé. Les Cubains peuvent avoir accès aux soins gratuitement sans devoir passer par une assurance maladie.

 

Propos recueillis par Latifa EL HOUARI.


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