La réponse de l’Eglise catholique face aux scandales de pédophilie
Face au nombre grandissant de scandales de pédophilie qui ont touché l’Eglise catholique, le Vatican a choisi la voie spirituelle. Le pape Benoit XVI a adressé une lettre aux catholiques d’Irlande, dans laquelle il se déclare « bouleversé » par ces « actes scandaleux et criminels ». Les associations de victimes regrettent pour leur part l’absence d’excuses de la part du souverain pontife.
« Chers frères et soeurs de l’Eglise en Irlande, c’est avec une profonde préoccupation que je vous écris en tant que Pasteur de l’Eglise universelle. (…) Je ne peux que partager le désarroi et le sentiment de trahison que nombre d’entre vous ont ressenti en prenant connaissance de ces actes scandaleux et criminels et de la façon dont les autorités de l’Eglise en Irlande les ont affrontés. »
C’est une première dans l’histoire de l’Eglise catholique. Benoit XVI a décidé de briser la loi du silence, en adressant une lettre aux catholiques d’Irlande, pays d’où le scandale a éclaté, et où des milliers de cas d’abus sexuels pratiqués par des prêtres sur des enfants ont été recensés. Depuis, les accusations de pédophilie se sont répandues comme une trainée de poudre, déferlant sur l’Eglise telle une marée noire. Après l’Irlande, c’est en Allemagne, pays d’origine du pape, que de nouvelles révélations sont venues ternir l’image déjà entachée de l’Eglise catholique. Ce n’est pas la première fois cependant que le pape intervient sur ces affaires qui secouent l’Eglise. Aujourd’hui, c’est par la plume et la voie spirituelle que Benoit XVI a choisi de faire entendre sa voix. Il y affirme son désir profond de « réparer les injustices du passé« , déplorant une « réponse souvent inadéquate qui leur a été réservée de la part des autorités ecclésiastiques« . Il se déclare ainsi prêt à affronter le problème « avec courage et détermination« . « Des manquements dans le gouvernement ont eu lieu », rappelle-t-il. « En particulier, il y eut une tendance, dictée par de justes intentions, mais erronée, visant à éviter les approches pénales. » Il reconnait la nécessité d’un recours « aux autorités civiles » compétentes, c’est-à-dire la justice, alors qu’un des principaux reproches faits à l’Eglise avait justement été d’avoir étouffé les affaires sans les mener devant un tribunal. Le chef des catholiques reconnait aussi que ces scandales sont dus à des problèmes internes à l’Eglise et à son fonctionnement : « Des procédures inadéquates pour déterminer l’aptitude des candidats au sacerdoce, une formation humaine, morale, intellectuelle et spirituelle insuffisante. »
Des mesures concrètes, plus efficaces sans doute que des paroles, vont être prises pour tenter de rendre justice aux victimes. Le chef des évêques allemands, Robert Zollitsch, s’est engagé à dénoncer les prêtres pédophiles aux autorités judiciaires et à mettre en place des numéros de téléphone, permettant aux victimes de témoigner. Ces décisions ne s’appliqueront pas seulement à l’Allemagne, mais seront étendues à tous les pays.
La chasteté mise en cause
La crise actuelle que traverse l’Eglise catholique a posé une question essentielle concernant le célibat des prêtres. Le catholicisme est la seule religion, parmi grandes religions monothéistes, à maintenir encore le célibat chez les ecclésiastiques (hormis les diacres). Ces scandales à répétition ont pointé du doigt une règle archaïque (et non pas un dogme) n’ayant plus lieu d’être. La chasteté peut-elle être vue comme un facteur favorisant la pédophilie ? Le Vatican, intransigeant sur cette question, récuse avec force cet argument tabou, répondant que la majorité des pédophiles sont des hommes mariés ou en couple et refusant par là-même d’ouvrir un débat. Par ailleurs, le Vatican a cherché à relativiser le nombre de cas d’abus sexuels imputables à des hommes d’église.
Déception
A la lecture de la lettre, les associations de victimes et beaucoup de fidèles n’ont pas caché leur déception. Il y manque en effet cruellement de sanctions à l’égard des coupables, ainsi que de réelles excuses. Enfin, certains regrettent que le pape ne se soit pas engagé à mettre fin à la prescription pour ces affaires. Le chemin est encore long.
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