Débat: C’est ça la France?
En expulsant trois immigrés afghans de France pour les renvoyer dans leur pays en guerre, le gouvernement français s’est montré intransigeant et très loin des principes démocratiques de notre République. En dessous de tout dans cette affaire, le ministre de l’immigration Eric Besson, a multiplié les déclarations tapageuses et fausses.
Une odeur nauséabonde se dégage actuellement du pays du coq et du bon vin. La France – qui aime tant rappeler son statut de « pays des droits de l’Homme » – a procédé au renvoi d’immigrés afghans par charter. Un retour forcé dans un pays en guerre et gangrené par le mouvement taliban. Dans les textes, ces trois jeunes gens étaient en effet dans l’irrégularité. La seule justification viable – mais forcément fallacieuse – à laquelle peut aujourd’hui se rattacher le pouvoir. Pour le reste, rien ne peut expliquer cette décision injuste et terriblement périlleuse pour les trois hommes en question.
15 jours d’hôtel
D’abord, ce trio de ressortissants – 18, 19 et 22 ans – est tout jeune et ce seul constat aurait déjà dû faire reculer Eric Besson. A peine adultes et sans ressources, ils n’ont rien à quoi se rattacher. Mais la France n’en a cure et a poussé la honte jusqu’à son firmament. Fier de lui, le ministre de l’immigration a ainsi expliqué que les migrants logeraient à l’hôtel…pendant quinze jours et qu’ils disposeraient d’une enveloppe de…2000€. Une blague? Non, juste le fruit du raisonnement étriqué d’un gouvernement qui ne pense qu’à contenter son électorat réactionnaire. Car la situation est très grave en Afghanistan. La population locale vit sous le joug des taliban et dans l’ambiance très tendue d’un scrutin présidentiel interminable. Surtout, Eric Besson assurait que ces trois personnes étaient originaires de la capitale, Kaboul, zone « calme » et « moins insécurisée. »
Ils ne peuvent pas rentrer chez eux
Une ineptie de plus visiblement. Mohammad Omar Ayar, vice-ministre aux réfugiés et au rapatriement, expliquant à la correspondante de Europe 1 : « L’un vient de la province de Paktia, l’autre de Baghlan, le dernier de Parwan. Ces trois Afghans ne peuvent actuellement pas rentrer chez eux« Le plus jeune des trois, Nik Khan Hashimkhil, est même en grand danger. Le vice-ministre décrivant la situation de sa province d’origine, Paktia, « c’est une province dont certaines zones sont sûres, mais là d’où il vient précisément, c’est extrêmement dangereux. S’il rentre chez lui, les taliban lui demanderont de rejoindre leur rang. » Pas vraiment un avenir « sécurisé » donc.
La France a maintenu ses troupes le mois dernier
Le gouvernement ne peut jouer la surprise car il connaît parfaitement la situation dans ce pays. Fin septembre, les députés décidaient ainsi le maintien des forces armées françaises en Afghanistan. Alors pourquoi oublier les droits de l’Homme et les droits internationaux? Pourquoi nier le droit à l’asile politique? Pourquoi renvoyer trois jeunes personnes dans un pays en guerre seulement pour un problème de carte d’identité? Autant de questions qui n’appellent malheureusement qu’une réponse aussi méprisable que véritable : parce qu’aujourd’hui, c’est ça la France…
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