Les catacombes de Paris : un dancefloor comme un autre ?

Pourquoi une partie des fêtards parisiens abandonnent les dancefloors moites des clubs chébrans et les canapés ouatés des bars de la capitale ? Pour venir s’enterrer six pieds sous terre. Pour venir danser là où les rayons crépusculaires du soleil ne percent pas… Dans les Catacombes de Paris.

Au cœur des Catacombes, dédale infini de pierre, une chaleur délicatement alcoolisée réveille les morts. Une masse de noctambules spéléologues remue sur du gros son. Qui sont-ils ? De jeunes gothiques pré-pubères fascinés par les ossements humains, les rituels sataniques et la mort ?

Non. Ceux qui participent aux soirées cataphiles ne rentrent dans aucun moule ! Ils sont comme vous. Ils sont comme moi. Ils ressemblent à tout le monde. Et pourtant aucun d’entre eux ne se ressemble.

Un détail les rassemble néanmoins : l’habillement. Les hommes doivent laisser leur costume au vestiaire, les femmes oublier leurs chaussures Louboutin comme leur robe de soirée, pour enfiler une tenue plus « convenable ».

Au sous-sol, ce sont les bottes en caoutchouc et les vieilles fripes qui sont en vogue ! Casquette, chapeau, bonnet, diadème et autres ornements du sommet du crâne sont remplacés par la lampe frontale, bien plus tendance, et essentielle pour s’orienter dans l’obscurité des Catacombes de Paris.

Cet immense club illégal serpente sous les pavés du XIIIe arrondissement de Paris depuis la rue du Banquier jusqu’à la porte d’Ivry. Pas moins de 25 km de galeries et près de 200 entrées – des bouches d’égout – dans lesquelles s’engouffrent des touristes, des jeunes parisiens, des cataphiles et bien d’autres créatures nocturnes.

En février 2012, le photographe de Brain Magazine, a pu poser ses yeux – et son objectif –, ses oreilles et ses pieds sur le dancefloor des Catacombes de Paname. Il raconte : « Vers minuit, on approche d’une bouche d’égout qui a voulu garder son anonymat (…). Un Italien qui a protégé ses chaussures en cuir avec des sacs plastiques du plus bon goût demande à un des organisateurs : Ça vaut vraiment le coup ? Dorian lui répond gentiment que c’est une chose unique, qu’il faut au moins le faire une fois dans sa vie. »

Arrivé dans les Catacombes, le journaliste poursuit son récit : « On s’attendait à 3 bougies et un mange-disque et on se retrouve dans une configuration de belle free party. Chapeau à l’orga[nistation] pour la qualité du son et lumière. Dans cette bonne ambiance communicative, les cataphiles échangent avec les touristes, un joint, une bière, un Bourgogne Chitry 2006 de Michel Colbois. »

Vous voulez rejoindre les fêtards cataphiles, vous êtes simplement curieux : rendez-vous Place d’Italie !

Vous y croiserez peut-être M. Merde, le personnage fantasmagorique de Leos Carax, connu pour se cacher dans les égouts des capitales française et nippone. Interprété par Denis Lavant, il apparaît dans le dernier film de Carax, Holy Motors, ainsi que dans l’étrange mosaïque de courts-métrages Tokyo!.

Lire la suite du reportage « J’irai danser chez vous : dans les Catacombes de Paris » ici.

Crédit photo : Quentin Cherrier.


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