Application iPhone: « Juif ou pas juif », une application antisémite validée par Apple !

Disponible en anglais et en français pour seulement 0,79 €, cette formidable application vous permet de savoir quelle personnalité est désignée comme juive, et connaitre par quelle filiation cette personne est juive. Vous pouvez faire vos recherches par nom, par catégorie ou au hasard pour découvrir de nouvelles personnalités juives. De même, vous avez la possibilité de suggérer une nouvelle personne  pour développer la base de données. 

Scandaleux vous dites? Pas pour Apple en tout cas, ou alors ils font preuve d’ineptie : voilà presque un mois et demi que l’application est disponible sur l’Apple Store (depuis le 9 août 2011) et la polémique ne cesse de s’intensifier.

Les associations montent aux créneaux. Interrogé par le Nouvel Observateur, Alain Jakubowicz, président de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra), s’est dit horrifié par cette application : « Je suis horrifié que quelqu’un ait même pu avoir l’idée de donner une information qui n’intéresse personne […] et qui renvoie à ce vieux et violent fantasme antisémite qu’il faut débusquer les juifs dans les mileux où il y a de l’argent, où il y a du pouvoir ».

Le créateur, Johann Levy, qui se revendique juif, se défend en expliquant qu’il souhaitait « proposer à sa communauté une liste des personnalités juives qui ont réussi » et « une consolidation des données disponibles partout sur internet, sur Wikipedia, sur de nombreux blogs… qui ont été [ses] sources. Le fichage renvoie à une idée négative, alors qu’être juif ce n’est pas négatif« . Il tenait à préciser que, selon lui, « les antisémites n’ont pas besoin d’application pour lister les personnalités juives« .

Le président de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF), Jonathan Hayoun, apostrophe Apple sur la nécessité de retirer l’application de toute urgence, car « l’application véhicule des préjugés antisémites en construisant un fichier illicite« . De même pour SOS-Racisme, qui condamne « une exploitation commerciale d’une base de données à caractère ethnique« . L’association annonce aussi qu’elle va « porter plainte à l’encontre d'[Apple] pour constitution illicite de fichier en raison de l’origine« .

Johann Levy pourrait encourir 5 ans de prison et 300 000 euros d’amende. Dans le Code pénal, il écrit que « le fait de mettre ou de conserver en mémoire informatisée, sans le consentement exprès de l’intéressé, des données à caractère personnel qui, directement ou indirectement, font apparaître les origines raciales ou ethniques, les opinions politiques, philosophiques ou religieuses […] est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 300.000 euros d’amende. » La Commission juridique de la Licra se réunit ce soir pour examiner les possibilités juridiques.

Même si le créateur se dit « extrêmement surpris par l’ampleur de la polémique« . Interrogé sur l’aspect illégal de son application, il consent à la retirer de l’Apple Store s’il enfreint la loi. Mais il revendique toute fois la « liberté d’expression » et que « s’il faut censurer cette application, alors il faut censurer Wikipedia, Google et internet. »

Elle a bon dos la liberté d’expression quand même…

Pour Apple, c’est une faute grave d’avoir laisser aussi longtemps une telle application. L’entreprise a pourtant été plus réactive lorsque l’application Phone Story est sortie. Celle-ci est restée en vente moins de 24 h (sortie le 13 septembre). Pas étonnant puisque c’était une application iPhone… anti-iPhone. Le jeu consiste à découvrir comment est fait votre smartphone. Depuis l’exploitation des enfants aux suicides d’employés chinois en passant par un recyclage pas toujours recyclé, le collectif des Yes Men a réussi à faire passer le message sans faire de rapprochement direct avec Apple ou iPhone…