« ROMANS ADO », la collection jeunesse qu’on attendait tous

« Romans Ado », nouvelle collection de la maison d’édition Actes Sud Junior propose une ligne éditoriale résolument originale. Misant sur un design accrocheur et séduisant et des textes de qualités, cette collection nous livre des romans à l’écriture nerveuse et efficace, au style bien marqué et aux histoires tout en vérité et en sensibilité qui placent la voix au coeur de la narration. A dévorer de toute urgence !

Une jeune collection pleine de promesse et de fraîcheur
Romans Ado a été lancée en octobre 2008. Cela faisait un moment que son éditeur, François Martin (que nous avons rencontré), voulait donner un second souffle à la collection Ado. Ses livres étaient édités dans un format de poche avec une couverture illustrée. Romans Ado a voulu trouver son propre positionnement et troquer l’illustration classique contre une photo,  plus adaptée au lectorat adolescent. Pour François Martin, les jeunes perçoivent l’illustration plutôt comme quelque chose d’enfantin, et associent cet univers visuel à un plus jeune âge, qu’ils souhaitent dépasser. Outre l’utilisation de la photo, Romans Ado a également choisi d’utiliser une typographie différente, accrocheuse, visuellement et esthétiquement très réussie, avec cette lecture à la verticale en 4e de couverture. M. Martin avait envie qu’il y ait un extrait du livre au verso, non seulement pour donner au lecteur l’envie d’aller découvrir l’histoire mais aussi et surtout pour faire entendre la langue de l’auteur et donner à lire son style et son écriture. L’extrait est complété par un petit résumé, une accroche qui en dit suffisamment pour avoir une idée générale de l’intrigue.
L’autre évolution qu’a voulu opérer Romans Ado a été le passage au grand format, une tendance globale dans l’édition jeunesse. Jusqu’ici ce format était cantonné à la littérature de genre comme l’heroic fantasy. Les livres de cette collection proposent eux une vraie littérature de jeunesse, avec des textes de qualité, contemporains, et ne s’inscrivant pas dans la mouvance actuelle des livres basés sur des séries américaines, ou de la littérature de genre en vogue comme les vampires ou les séries pour filles. Romans Ado ne cherche pas à s’adresser à une catégorie particulière d’adolescents, à un sexe plutôt qu’un autre. Car comme nous l’explique François Martin, il n’y a pas vraiment de recettes avec ce lectorat qui reste assez insaisissable. Si l’on cherche délibérément à le draguer, à s’inviter sur son terrain, on n’est pas sûrs d’être suivis.

Ce lifting opéré, la collection a alors un peu vieilli et évolué en âge : les textes visent plutôt des élèves du collèges voire du lycée, alors que la ligne éditoriale précédente proposait des romans qui pouvaient être lus dès la 6e. Les lecteurs de ces romans sont un peu plus confirmés, un peu plus matures.
Mais François Martin s’est toujours refusé à indiquer des âges sur la couverture, considérant obsolète cette idée de compartimentage des tranches d’âges. Pour lui, la sensibilité à un roman ne relève pas uniquement de l’âge, mais dépend aussi de la maturité, du niveau de lecture. Les lecteurs potentiels se repèrent par rapport à un format, une longueur de livre, l’intérêt qu’ils peuvent y trouver. Dans l’absolu, un bon livre peut plaire à tout le monde. On n’en retire simplement pas les mêmes choses, selon notre âge, notre sensibilité, notre approche personnelle et notre ressenti de l’écriture. Une grande partie de ces livres sont des traductions de l’étranger car l’adolescence est l’âge de l’ouverture sur le monde, de la curiosité, du cosmopolitisme.
Si cette collection est aujourd’hui un succès et commence à véritablement s’installer c’est parce qu’elle propose une approche réellement originale et inédite par rapport à tout ce que l’on trouve aujourd’hui sur le marché des livres jeunesse.

De quoi parlent ces livres ?
« Romans Ado » s’est intéressée au mouvement global de ces dernières années, qui aborde au plus près le passage si particulier que représente l’adolescence. La ligne éditoriale s’est fondée sur un refus net d’une approche thématique : M. Martin déplore d’ailleurs cette tendance à réduire les livres pour ados à des thèmes bien précis, qui les enferment dans des carcans mais aussi dans des clichés. Ce qui importe c’est la manière dont le thème est traité, l’épaisseur psychologique donnée aux personnages et à leurs expériences. Ces romans sont des histoires réalistes, résolument contemporaines et qui sentent le vécu, sur un arrière plan sociétal : ils se rapprochent de ce qu’on appelle les « romans d’apprentissage », intimistes et psychologiques. Ils tendent à être au plus près de l’expérience, du ressenti de ce que les personnages vivent : ces romans réussissent à mettre en mots et en symboles tout ce qui se passe au moment de l’adolescence, ou plus tard aussi. Tout ce que, justement, les adolescents ont dû mal à exprimer par les mots. La voix narrative est jeune, l’écriture nerveuse et on entre assez vite dans le vif du sujet. On y retrouve cette âpreté du quotidien, et dans certains comme Accrocs, l’on est au coeur de l’atmosphère de la série anglaise Skins.
Mais ces histoires ne s’assimilent pas à une littérature tourmentée des affres de l’adolescence. Le ton est finalement assez optimiste, malgré des situations souvent difficiles ou atypiques. Les héros font l’apprentissage de la singularité et de l’indépendance. Ils se cherchent, se heurtent et se trompent parfois, forts de leurs contradictions qui les font avancer et trouver leur propre voie. Il y a une véritable expression du moi dans ces histoires accrocheuses auxquelles on s’identifie rapidement. Le lecteur visé n’est plus dans la passivité, il passe à l’action en se plongeant dans ces histoires qui abordent, comme dans Blog, les nouvelles formes de la consommation culturelle, les nouvelles formes de la vie sociale et des relations avec autrui.
A lire de toute urgence !

Des extraits des ROMANS ADO sont à lire et à écouter sur le site d’Actes Sud Junior : www.actes-sud-junior.fr