Anne Robillard se livre
A l’occasion du Salon du Livre de Paris, Anne Robillard, l’auteur réputé des « Chevaliers d’ Emeraude » était en France. Une opportunité de rencontrer celle qui a vendu le plus de livres d’heroic-fantasy dans notre pays, dans l’ambiance cosy d’un hôtel parisien.
Mélissa Collado : Que représentait pour vous le fait d’être l’invitée d’honneur du salon du livre ?
Anne Robillard : C’est très flatteur, surtout quand on sait qu’on est juste trente dans le monde entier à être membres d’honneur ! Je ne savais pas du tout à quoi m’attendre car je suis habituée aux salons du livre par chez moi, mais j’ai trouvé ça bien. Par contre ça va vite, à peine le temps de s’assoir et c’est déjà l’heure de repartir… Au Canada je passe huit heures au salon du livre, ici c’est deux heures alors la différence se fait sentir. C’est une sensation étrange car j’aime passer du temps avec chacune des personnes qui s’est déplacée pour venir me voir ! Du coup cette fois-ci j’ai été obligée d’allonger la période de signature d’une heure et de repousser tout ce que j’avais après. Je tiens tout de même à préciser que c’était une expérience extraordinaire ! Qu’un parent vienne me voir pour me remercier de faire lire son enfant, c’est incroyable… Pour moi un français venait au monde en lisant !
M.C : Votre nouveau roman, « A.N.G.E » qui est paru au mois de mars, plante un univers totalement différent de celui des « Chevaliers d’Emeraudes » avec une agence secrète, l’apocalypse, etc.…. Pourquoi ce changement ?
A.R : Je voulais montrer aux gens que je ne savais pas faire que des Chevaliers…. J’ai sorti « A.N.G.E » pour prouver qu’on peut écrire toute sorte d’histoires différentes en continuant de faire rêver les lecteurs du monde entier. C’est aussi ça que je trouve magique avec un livre, c’est que c’est universel. Et puis, ce nouveau récit m’a demandé beaucoup plus de travail de recherche. J’ai du me documenter à propos de la Bible, de l’Apocalypse, des apôtres mais aussi des reptiliens alors que pour les chevaliers, j’ai créé tout l’univers moi-même. J’écris les deux romans en même temps et cela me permet de passer d’un monde à l’autre, ce qui me ravit.
M.C : Vous n’aviez pas peur de perdre des lecteurs en changeant de genre ?
A.R : D’un côté si, car certaines personnes n’aiment que les chevaliers et les dragons… Mais d’un autre côté, je vais chercher d’autres lecteurs, qui s’intéressent un peu plus à la Bible, aux mystères, aux reptiliens, aux démons, etc… « A.N.G.E » marque un changement mais c’est un changement dont j’avais besoin. Cette fois-ci, c’est aussi une histoire plus réaliste. On verra bien si cela plaît autant ! En tout cas pour ma part j’aime écrire les deux. Cela me change avec « A.N.G.E » car il y a des problèmes amoureux, des problèmes de conscience, des rivalités, des choix à faire…
M.C : Mais d’où vous vient toute votre inspiration ?
A.R : En général je tire mes histoires de mes rêves. Pour les chevaliers j’ai été très chanceuse car j’ai aperçu les 40 ans de guerre, au complet ! Alors que pour « A.N.G.E » je n’ai vu que la base, et j’ai donc dû réfléchir plus précisément au récit. Mais rêver des personnages de cette nouvelle série n’a pas été ma première source d’inspiration. Un jour où j’étais très malade et que je ne pouvais pas bouger de mon lit, je suis tombée sur un reportage à propos des soucoupes volantes. C’est là que j’ai ensuite entendu parler des reptiliens et tout de suite, ce sujet m’a passionnée. J’ai lu beaucoup de livres à leur sujet et cela m’a permis d’étoffer mon propre roman. D’ailleurs, pour la petite anecdote, je suis en train d’écrire le tome 8 de « A.N.G.E » dans ma chambre d’hôtel !
M.C : Qu’est-ce qui vous plaît dans l’écriture ?
A.R : Tout ! La liberté d’expression, mais aussi la liberté d’imagination. On n’est pas bridé dans ses idées et ce point est très important pour moi. Parfois les livres permettent même de faire passer un message pour changer le monde ou les valeurs des lecteurs ! Évidemment ça ne fonctionne pas forcément mais au moins, on peut s’exprimer. Dans « Les chevaliers d’émeraude » je voulais ramener aux vieilles valeurs, au respect des uns envers les autres et surtout à la fraternité. On vit dans un monde égoïste et je voulais ouvrir les yeux aux gens, leur dire d’être moins individualistes, leur prouver que c’était bénéfique. Il y a aussi un message d’alerte en quelque sorte, un « sauvons la planète » ! Avec « A.N.G.E » je dis aux gens qu’il faut qu’ils reviennent à la source, aux vraies valeurs, qu’ils arrêtent de croire tout ce qu’on leur dit et qu’ils réfléchissent par eux même…
M.C : Comment en êtes vous venu à écrire des livres ?
A.R : En fait, j’ai commencé quand j’avais six ans… Dès que j’ai vu qu’on pouvait mettre des mots sur une feuille et que ça créait une histoire, j’ai commencé à écrire. Et puis j’étais la plus vieille de ma famille, alors c’est moi qui racontais les histoires à mes frères et sœurs ! Maintenant une chose est sûre, je ne peux plus me passer de l’écriture, je suis obligée de coucher mes histoires sur papier au moins une fois par jour… Si je n’écris pas, c’est comme ci je ne buvais pas, ou que je ne mangeais pas. C’est devenu un besoin essentiel pour moi. Par contre je suis anti-routine donc j’écris quand l’inspiration me vient, même si c’est en plein milieu de la nuit !
M.C : Avez-vous d’autres projets ?
A.R : J’aimerai beaucoup que ce que j’écris soit un jour adapté à la télévision… Pas en film, car dans les films on coupe trop de passages qui, même s’ils sont des détails, ont leur importance. Et puis ce sont toujours les mêmes ingrédients, pour faire du sensationnel. Si on met les Chevaliers dans un long-métrage, j’ai peur que ce soit juste la guerre contre les insectes alors qu’il y a des relations, des amitiés, etc…. qu’on pourrait explorer tranquillement. Avec une série télévisée on aurait le temps de rentrer dans chaque royaume, dans chaque famille, pour voir comment ça se passe.
Au niveau de l’écriture de mes romans, j’ai terminé la série des « Chevaliers d’émeraude », il y aura donc douze tomes mais le dernier se déroulera 15 ans après la guerre, avec les enfants des chevaliers. J’ai longtemps hésité à continuer la série, car j’avais eu des menaces de lecteurs qui me disaient que si j’arrêtais ils n’auraient plus rien, et c’est pour cette raison que le dernier roman prend du recul. Mais cela me permet d’explorer de nouveaux horizons… Et puis nous avons aussi dans l’optique de sortir une bande dessinée, peut être dès octobre ?! Après évidemment, une sortie en anglais est prévue pour bientôt… En ce qui concerne « A.N.G.E » j’envisage l’écriture de dix tomes, jusqu’à la fin du monde ! Mais évidemment tout est encore possible, je n’ai pas la dernière phrase en tête…
Anne Robillard donne rendez-vous à tous ses lecteurs dès septembre prochain pour la sortie du tome 2 de « A.N.G.E » en France.
Mélissa Collado
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