Univers Poche : histoire d’un succès
Nous avons tous déjà eu en main un ouvrage édité par Univers Poche. Leader du marché français de l’édition poche, ce groupe possède les marques Pocket, 10/18, Fleuve Noir, Pocket Jeunesse et Kurokawa. Comment se hisse-t-on au pinacle du marché éditorial du livre au format poche ? Explications autour du parcours de Jean-Claude Dubost, Président-directeur général d’Univers Poche, que nous avons rencontré.
Incipit
Son bac en poche, si j’ose dire, Jean-Claude Dubost saisit au vol l’opportunité que lui offre Hachette d’intégrer ses quartiers. Il y fera ses premières gammes, développant notamment le pôle commercial. Mais l’édition le titille et il crée alors deux nouveaux secteurs: la non-fiction et le livre de poche jeunesse.
Chapitre 1 : L’audace éditoriale
« Mes convictions éditoriales : il faut avoir des livres de qualité et, si possible, originaux. »
Bravant les mises en garde timorées de ses collègues lui prédisant un échec cuisant, Jean-Claude Dubost lance le livre de poche jeunesse. Ses détracteurs, arguant qu’une collection littéraire poche ne séduirait jamais nos têtes blondes, furent sidérés devant le million d’exemplaires qui se vendit en deux mois. Le secret ? Une collection audacieuse (par exemple, contenant des contes de Singer, auteur ayant obtenu le Nobel de Littérature par la suite), des prix accessibles, ainsi que des ventes d’abord orientées vers les enseignants. Le trublion avait bien mérité son poste de directeur de la section Jeunesse de Hachette. Poste qu’il quitta une dizaine d’années plus tard, prenant la direction de l’Edition au sein du groupe Bayard Presse, où il développa plusieurs secteurs éditoriaux comme les sciences humaines et Bayard Poche.
Chapitre 2 : La tête sur les épaules
« L’éditorial est important mais le deuxième élément, capital, est le marketing. »
Être créatif est une chose, savoir vendre en est une autre. Jean-Claude Dubost a massivement investi dans le marketing, « à une époque où c’était considéré comme grossier et déplacé ». Il développe des partenariats avec les médias et crée des évènements comme « Thriller Mania », un concours qui permet à un jeune auteur d’être édité chez Pocket après que son manuscrit ait été plébiscité par les internautes. Univers Poche soigne son marketing. Un bon éditeur doit être capable d’estimer des communautés de lecteurs, de lire des chiffres, de vendre et de gérer. Avoir la tête sur les épaules est primordial : secteur toujours mobile, l’éditeur peut très bien « gérer pendant des années quelque chose qui marche et, le jour où ça ne marche plus, savoir redémarrer de zéro ».
À suivre…
« Je crois qu’on se doit d’être parmi ceux qui font bouger la profession dans laquelle on travaille. »
L’objectif est de dénicher de nouveaux imaginaires. D’où la collection « Nouvelles Voix » de Pocket, qui ne publie que des œuvres jugées « littérairement intéressantes, même si elles n’ont pas un potentiel commercial dans l’immédiat ». Pour cela, les équipes éditoriales, les comités de lecture, les scouts (dénicheurs de talents, ndlr) rencontrent très régulièrement des agents et des éditeurs en France et à l’international. Et, parce qu’une « maison d’édition ne vit que de nouveaux projets », Univers Poche continue de dédier la moitié de sa production aux inédits. À suivre, donc…
Crédits photo : © creativecommons
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