Arestrup et Dussollier: La belle et la bête
Voir Niels Arestrup sur un plateau et mourir !
Acteur formidable (souvenez vous – pour les plus jeunes – Un prophète, De battre mon cœur s’est arrêté, etc.), ce roc, masse froide séduisante, éternel amoureux du théâtre et des textes ; est là !
Face à lui, le non moins célèbre André Dussollier, acteur populaire, ancien pensionnaire au Français et premier prix du Conservatoire de Paris.
Avec une telle distribution, on s’attend bien sûr à décoller, traverser des sphères et j’en passe ! C’était un peu surestimer la pièce de Cyril Gely finalement.
L’intrigue a le mérite d’être simple. Hitler veut faire sauter Paris avant la débâcle, il l’ordonne au gouverneur de la capitale occupée Dietrich von Choltitz (Niels Arestrup) qui, en nazi fanatique, est prêt à sacrifier des milliers d’innocents sur ordre. Mais voilà qu’un diplomate s’en mêle, Raoul Nordling (André Dussollier), consul général de Suède à Paris. Stratège, il énumère quantité d’arguments et fini par amadouer Choltitz et sauver Paris.
Le pitch part d’un récit véritable même si on ne connait pas vraiment l’importance du diplomate sur le revirement de Choltitz, ni même le contenu de leur rencontre.
En tout cas Cyril Gely a eu la bonne idée d’imaginer cette rencontre et de soulever un véritable problème : jusqu’à quel point peut-on obéir ? Existe-il une limite à l’obéissance ? Si la réponse peut sembler évidente elle l’est beaucoup moins pour le gouverneur. D’abord par ce que l’obéissance absolue au Führer était de rigueur, mais aussi parce que si Choltitz désobéit il perd femme et enfants.
Brûler Paris et sauver sa famille ? Peu à peu le diplomate impose au général le choix de sauver Paris. Mais sa famille ? Vous saurez comment la famille de Choltitz est sauvée ou non en allant au théâtre…
Ne vous attendez pas à un « beau texte », ce n’est pas l’enjeu. Le texte est simple et efficace. Si vous voulez voir Arestrup et Dussollier au sommet de leur art, je crois que ce n’est pas non plus la pièce qu’il vous faut. Les deux acteurs sont certes parfaitement justes, mais somme toute assez propres ; il manque cette fragilité des monstres sacrés (qu’ils sont) quand ils s’emparent d’un théâtre plus sérieux disons.
Néanmoins l’intrigue se tient, le rythme est bon et il faut souligner les qualités d’écriture de Cyril Gely dans ce sens.
On apprécie également une scénographie là encore simple et efficace, sans ajouts superflus. Arestrup campe un magnifique soldat en marbre, expéditif et a priori sans sensibilité.
Enfin la pièce – contrairement à tant de téléfilms idiots – ne fait pas de manichéisme de bas étage. Hé oui, c’est à peine croyable, mais comme tout le monde les nazis pouvaient aussi être doués de raison et de sentiments !
DIPLOMATIE, une pièce de Cyril Gely
Avec Niels Arestrup, André Dussollier, Roman Kané, Olivier Sabin, Marc Voisin
Mise en scène de Stephan Meldegg
Assisté de Véronique Viel
Décor Stéphanie Jarre, costumes Véronique Périer, lumière Roberto Venturi, son Michel Winogradoff, accessoires Nils Zachariasen
21h du mardi au samedi, 18h le samedi, 15h le dimanche
15 € à 42 €, et 10 € (- de 26 ans du mardi au jeudi)
Réservations : 01 42 65 07 09 ou 0 892 68 36 22 (0.34€ /mn)
www : theatremadeleine.com ou fnac.com
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