Scary Mansion – Make Me Cry
Un groupe qui s’appelle Scary Mansion (« maison hantée »), un album intitulé Make Me Cry (« fais-moi pleurer »), et une pochette qui respire la joie de vivre… A première vue, on peut se penser en droit de s’attendre à un album gothique au pessimisme plombant au terme duquel on pourrait bien finir par se tirer une balle.
Et pourtant. Pourtant, à la place des abîmes dépressifs qui semblaient nous être promis, c’est une pop électrique, doucereuse et sucrée qui nous chatouille les oreilles alors que la galette tournoie dans le lecteur de notre platine CD.
Make Me Cry, c’est un disque d’un peu moins d’une demi-heure pendant laquelle on suit Leah Hayes (la chanteuse et âme du groupe) dans un voyage aérien au pays des rêves et de la mélancolie douce-amère, avec toujours une question en tête : s’il est clair qu’elle ne touche pas la terre ferme et qu’elle est libre de toutes attaches, notre guide est-elle en train de chuter dans un puits sans fond ou de s’élever vers l’illumination ?
Car si les mélodies pop un peu faciles et la voix éthérée de Leah Hayes peuvent donner l’illusion de la légèreté, on ne peut s’empêcher de ressentir une fragilité, une sensibilité à fleur de peau qui transparaît d’une écoute attentive et à cœur ouvert de l’ensemble : comme une gosse apeurée qui se recroqueville sous ses couvertures en se disant qu’elle sera en sécurité tant qu’on ne la verra pas, Leah Hayes semble être une petite chose fragile à deux doigts de se briser, qui se planque sous des nappes de guitares électriques comme si elle espérait qu’on ne remarque pas que sa voix est au bords des sanglots à chaque mot qui s’échappe de ses lèvres.
Vu sous cet angle, Make Me Cry devient un album profondément touchant, qui tente de faire passer son désespoir désabusé pour de l’insouciance noisy-pop. Et une fois qu’on a compris ça, on peut alors imaginer un sourire triste et ironique au coin des lèvres de Leah Hayes lorsqu’on l’entend enfin se foutre à poil pour chanter « Mighty », sa ballade dépouillée sans faux-semblants.
Et alors, alors seulement, on se rend compte qu’au-delà de ses simples qualités esthétiques (la prod est excellente), Make Me Cry est une putain de perle cachée. Et que le fait qu’il sera loin de faire l’unanimité ne fait que lui donner plus de valeur.
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