Skip The Use: le second souffle du rock

Avec « Can Be Late », les cinq lillois sortent le rock de ses gonds pour le tremper dans leur potion magique : un joli cocktail de genres savamment saupoudré de leur brin de folie, et un véritable arsenal de tubes. C’est explosif, ça part dans tous les sens, et si Skip The Use ne chante pas avec l’accent ch’ti, c’est tant mieux ! Car le groupe emmené par Mat Bastard en maître chanteur et Yann Stefani aux guitares, nous livre avec ce second album, une bombe résonnant comme autant de façons d’orienter le rock, de le conjuguer, de l’aimer à nouveau. CampusMag a rencontré pour vous, l’un des groupes les plus prometteurs du moment.

Skip The Use, en quelques mots, qui êtes-vous ?

 Mat Bastard : On est cinq gars de Lille, ça fait une quinzaine d’années qu’on fait de la musique, on s’est tous rejoint sur un même projet punk qui s’appelait Carving. On était entrain de composer un album et il y a quelques titres qui sonnaient différemment. Cela nous a interpellé, on s’est demandé si on devait partir là-dedans, ou rester dans le punk. On a eu envie de démarrer une nouvelle aventure, on s’est dit qu’à trente ans, c’était bien de faire ce genre de choses, de faire comme si on avait encore quinze ans, et on l’a fait. On s’est remis en danger, on a fait un premier album en 2009 qui était un peu plus auto-produit, et qui a été vendu à 4 000 exemplaires. C’était le genre de plan où tu le fais toi-même pour pouvoir faire une tournée derrière.

Votre « truc » à vous, c’est la scène ?

 M.B : Et bien en fait, on apprécie  de plus en plus le boulot de studio. Sur cet album, si on avait pu avoir deux ou trois fois plus de temps en studio, cela ne nous aurait pas déranger. On se rend compte qu’en studio on peut vraiment prendre corps avec notre musique. Après, le live, c’est encore un autre boulot. On n’était moins en studio pendant notre jeunesse, quand on y était, on essayait d’y mettre l’énergie du live.

Qu’est-ce que votre musique a conservé de Carving, votre premier groupe de punk ?

Yann Stefani : De l’énergie, principalement, et puis nous, surtout nous.

 M.B : Carving, c’est avant tout une aventure de potes, c’est surtout ça qu’on a conservé. Avec Carving, la musique était presque accessoire, dans le sens ou c’était surtout pour faire quelque chose avec ses potes ; on se disait : « tiens, on va faire de la musique, on va faire du punk », c’est pas compliqué, ça trace, et en plus ça correspond avec ce qu’on a dans la tête. 

C’est un album fait pour « danser », pour « bouger », pourtant, à l’ouïe de certains morceaux comme People In The Shadow ou The Face, on ressent un certain engagement, du fond en quelque sorte.

 M.B : J’aime bien être compliqué à saisir tout de suite. On essaie de susciter le questionnement des gens qui nous écoutent, de provoquer le débat et une prise de position, sans pour autant s’engager dans une voie particulière. Certains sujets nous interpellent, et on en fait des chansons pour que cela interpelle les gens. C’est peut-être aussi un héritage qu’on a du punk, d’être sensibles à ce genre de choses.

On pense à beaucoup de groupes en écoutant votre album, sans pour autant tomber dans le pastiche, dans la reprise niaise ; on pense notamment à des groupes comme Bloc Party, les Black Keys, Poni Hoax, Panic ! At The Disco… De qui vous êtes vous nourris ?

Y.S : On écoute beaucoup de musique, du punk, de la funk…Nos influences sont diverses et variées. On se rapproche de plus en plus de l’électro, parce qu’on aime bien la nouvelle génération, des groupes comme Justice. Quand on faisait notre album, Justice était quelque chose qui nous avait vraiment frappé, ils ont retourné la musique ; c’est ça qui nous a donné envie de mettre plusieurs styles dans notre album, d’aboutir nos sons. C’est plus des groupes comme ça qui nous ont, disons, « sorti les doigts du cul ».

M.B : Ces groupes là ont tracé des sillons dans lesquels on s’engouffre, on est fier de ça. Ces groupes sont des précurseurs pour des groupes comme nous, ce sont eux qui nous permettent aujourd’hui d’avoir un écho. Mais c’est vrai qu’on n’oublie pas les plus anciens, comme Led Zeppelin, les StonesChic… Des choses qui ne seressemblent pas forcément, mais des choses qu’on a digérées, et qui nous permettent après, d’appréhender les sons de manière différente.

Peut-on dire que vous étirez le rock vers tous ces genres, la pop, l’électro, la funk, le hip-hop, ou le disco même? 

Y.S: Oui c’est ça, on n’a pas envie d’être dans une case. On ne ferme aucune porte. Des fois on sort des choses qui n’ont vraiment rien avoir avec ce qu’on fait d’habitude, on ne se met pas de limite.

M.B: C’est là où intervient Manu Guiot, l’un des réalisateurs de l’album, qui est un peu le sixième membre du groupe. Il est le « canaliseur », celui qui agite le drapeau quand ça ne va pas. Mais il peut aussi sortir ce même drapeau pour nous dire « vas-y, va plus loin! »

Y.S: C’est un mercenaire de la tablette!

Vous avez fait les premières parties d’un bon nombre de groupes prestigieux, comme Rage Against The Machine, MGMT ou Mark Ronson. Quel est votre meilleur souvenir?

M.B: Rage c’était génial, d’autant plus que, première date à l’extérieur, donc tu prends l’avion, tu te casses hors de France… Et puis Rage ce sont tous tes souvenirs d’enfance. Sinon on a bien aimé Solidays, où on s’est retrouvé à la place de Rage. C’était un samedi soir, minuit, devant 40 000 personnes… Là on s’est demandés si on en était capables, parce qu’on s’est retrouvés à la place de gars qui ont un professionnalisme, qui ont des années derrière eux! On avait un certain nombre d’années de scène, mais pas tant que ça, du coup il y a eu beaucoup de stress avant. Et puis en fait, ça s’est super bien passé!

Votre album est taillé pour la scène, il y a beaucoup de dates en prévision: le Bataclan en mars, le Printemps de Bourges en avril, mais on n’en sait encore peu sur cet été…

M.B: Et bien nous aussi! (rires) Pas mal de festivals nous ont contactés, mais on ne sait pas encore qui va nous garder…On passera, c’est sûr, mais où et dans quel ordre, je n’en sais rien! (rires) On sait qu’il y aura pas mal de festivals français, belges, allemands, espagnols, canadiens, on a aussi une date prévue aux Etats-Unis à la rentrée… Ce sera un été chargé, un grand été qui ira de début Juin à fin Septembre! Il y a de quoi faire!

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