Elles@centrepompidou : Le Centre Pompidou au féminin
Première mondiale, le Centre Georges Pompidou renouvelle son accrochage en n’exposant que des artistes femmes. Cette exposition « coup de poing » est supposée mettre en exergue la question problématique du manque de représentation des femmes dans le milieu artistique.
Les chiffres sont alarmants, quand ils sont visibles (car il existe peu de rapports sur la question). Les statistiques du Ministère de la Culture et de la Communication, sur la représentation des femmes dans les arts vivants (2006), pointent de fortes inégalités : les hommes dirigent les institutions (59% des centres chorégraphiques nationaux jusqu’à 92% des théâtres consacrés à la création dramatique sont dirigés par des hommes), maîtrisent la représentation (97% des musiques entendues dans nos institutions sont composées par des hommes), disposent des moyens financiers (quand une institution est gérée par un homme, le crédit de ses subventions est en moyenne d’un million d’euros supérieur), enfin sont largement majoritaires lors des prises de décision en matière de politique culturelle. Triste constat que cette création au masculin.
L’initiative du Centre Pompidou est donc salutaire puisque, sans détours, elle met en exergue la sous-représentation des femmes artistes, qui peinent à se faire une place dans un milieu artistique dominé par des hommes. Le Centre Pompidou lui-même, s’il a accordé des rétrospectives à 5 femmes artistes (Sophie Calle, Annette Messager, Louise Bourgeois, Charlotte Perriand, Tatiana Trouvé), n’a consacré aucune exposition personnelle à une femme avant 2003.
Que nous montre cet accrochage ? Une pléthore d’artistes femmes majeures, de 1910 à nos jours, de Marie Laurencin à Sophie Ristelhueber. Néanmoins, l’ensemble des œuvres exposées gravite autour de la question féminine, versant dans l’art au féminin et non pas l’art fait par des femmes. A l’instar de la pionnière Suzanne Valadon qui, parmi les premières, osa se confronter à des sujets d’homme avec des médiums d’homme (la peinture), on aurait pu rêver à une exposition qui n’aurait pas mis en avant la lutte féminine.
Mais, quitte à suivre une logique de discrimination positive, le Centre Georges Pompidou va jusqu’au bout. Car cette exposition est redoublée d’un site Internet qui, à l’aide d’une fresque chronologique présentant des archives historiques ainsi que des œuvres d’artistes femmes, replace la lutte féminine dans son historicité. Ainsi, ce site légitime le parti-pris de la monstration d’œuvres militantes, voire historiques, au sein du Centre Pompidou.
Cette exposition revient, finalement, à se poser la question du féminisme dans son essence. Quelles idées doivent être défendues ? Celles du féminisme différentialiste, qui défend une idée du particularisme et d’une différence d’essence entre l’homme et la femme, ou a contrario celles d’un féminisme égalitariste, qui n’accepte aucune différence d’essence entre les deux genres et lutte pour les mêmes droits (afin de mieux comprendre les enjeux de cette position, lire le Cyborg Manifesto de Donna Haraway qui stigmatise l’essentialisme) ?
Cette exposition, en tout cas, ravive le débat et en cela, est providentielle.
Elles@centrepompidou
Jusqu’au 24 mai 2010
Centre Pompidou (Paris, 4ème)
Ouvert tous les jours sauf le mardi, de 11h à 21h
Tarif réduit : 8 à 9 euros
Crédits photo : Valérie Belin, Sans titre, n°7, 2003. Photo: Georges Meguerditchian, Centre Pompidou © ADAGP, Paris, 2009
« Des inédits de Michael Jackson sur l’album des Black Eyed Peas !Carmen Maria Vega : un sacré personnage ! »