Dvd Je l’aimais / Rencontre avec Zabou Breitman
Zabou Breitman, déjà réalisatrice des admirables « L’homme de sa vie » et « Se souvenir des belles choses », nous revient avec l’adaptation d’un roman d’Anna Gavalda « Je l’aimais ». Nous en avons donc profité pour rencontrer celle dont la joie de vivre n’a d’égale que son talent.
Pourquoi avoir choisi d’adapter précisément ce livre ?
A l’origine, c’est un désir de Fabio (Conversi, le producteur) qui a acquit les droits du livre. Il était convaincu qu’il fallait l’adapter alors que moi je n’avais jamais lu de roman d’Anna Gavalda ! Je l’ai donc acheté… Au départ, je ne me voyais pas trop réaliser le film, comme si l’histoire était trop sage par rapport à mes deux premiers long-métrages. Finalement deux choses m’ont particulièrement plu : prendre à contrepied le spectateur, les emmener vers une histoire et puis tout basculer ; mais également la narration directe/indirecte qui impliquait des flashbacks permanents. C’est sur cela que j’ai le plus accroché.
Vos films parlent souvent d’histoires d’amours atypiques… Pour vous l’amour simple n’existe pas ?
Si, bien sûr qu’il existe, heureusement ! Mais la littérature parle rarement de couples classiques. Les grands livres tels que « Le rouge et le noir » n’évoquent que des histoires désespérées où les amants se jettent à corps perdus dans leur aventure, envers et contre tout. Mais il est vrai que ce que l’on appelle la passion se retrouve plus souvent dans des scénarios atypiques.
Certains plans du film en Chine font penser à « In the mood for love »… Vous êtes-vous inspiré de certains films chinois pour aborder cet univers ?
En général je ne m’inspire pas d’autres films. J’essaie de tourner en laissant mon imaginaire me guider. Vous savez, lorsque vous êtes à Hong Kong vous réalisez forcément un film chinois ! Les couleurs, les particularités des pays font que vous ressentez les choses d’un œil nouveau.
La musique est impressionnante ! Comment avez-vous travaillé avec Krishna Levy (compositeur de la bande originale) ?
Je l’ai rencontré grâce au directeur de post-production, Antoine Rabaté. Je voulais quelqu’un qui n’ai pas peur du lyrisme. En Angleterre ou aux Etats-Unis, ils n’ont pas de problème avec les grandes histoires d’amour. En France on est plus réservés, il ne faut pas en faire de trop… J’aime les consonances de l’est et j’ai complètement craqué pour Krishna. Le thème principal possède exactement tout ce que je voulais. Je suis d’ailleurs très heureuse car j’ai appris hier que la BO allait sortir pour le film !
Comment s’est déroulé le casting ?
On était d’accord avec Fabio sur Daniel Auteuil. Après plusieurs hésitations -car doutait un peu- Daniel s’est lancé. Il savait que cela allait être très dur. Un rôle comme cela nécessite un engagement complet : il faut souffrir, pleurer… C’est très difficile pour un homme je pense. Je ne connaissais pas personnellement Marie-Josée, mais je voulais qu’elle soit évidente. Et en la rencontrant cela a été une évidence. J’ai tenté montrer sa lumière, sa beauté, son regard. Un vrai soleil ! Pour le rôle de Chloé, nous avons eu beaucoup de mal… C’est un personnage hyper-délicat. La directrice de casting m’a demandé de revoir le film « J’attends quelqu’un », et Florence Loiret m’a convaincue. Elle dégage du désespoir et de la pudeur en même temps, elle est extraordinaire.
Selon vous, les nouvelles générations écoutent-elles plus leur cœur, quitte à se jeter dans l’inconnu ?
Avant, il y a deux générations, un divorce était inimaginable… Aujourd’hui cela s’est banalisé. Beaucoup tentent de vivre « bien » deux ou trois fois vingt ans que « mal » cinquante ans.
Tout quitter et partir pour l’inconnu, pour vous, c’est une force ou une faiblesse ?
Cela dépend beaucoup de chaque histoire, s’il y a des enfants en jeu ou non… Vous savez, on dit « Les choses que l’on ne fait pas sont celles que l’on regrette le plus ». C’est de ne pas choisir qui est grave, et non ce qu’on choisit. Et c’est ce qui arrive à Pierre, il ne choisit pas et laisse pourrir la situation. La vraie lâcheté c’est ça. Attendre sans rien faire.
C’est très masculin comme comportement !
Je crois… C’est ce que raconte Elisabeth Badinter dans son livre XY : il y a une sorte d’angoisse supérieure de l’homme qui n’est pas forcément rattaché à la Terre alors que la femme est un rattachement en soi. Le choix est comme une explosion dans l’inconnu. La séparation est un choix très compliqué…
La scène du restaurant est juste parfaite…
Ca me fait vraiment plaisir que vous me dites cela car c’est une scène que l’on a particulièrement travaillé. On l’aime énormément. C’est du Anna Gavalda pure. Elle l’a écrit divinement bien. D’ailleurs dans le making-of on en parle beaucoup car les acteurs y sont excellents, le serveur est très bon aussi, le tempo est impeccable, le cadre -une pizzeria un peu glauque- est parfait. D’ailleurs je voulais qu’ils mangent, car dans les films français les acteurs ne mangent pas autour de la table ! C’est une très grande scène de cinéma et cela me fait vraiment plaisir que vous l’ayez remarqué !
Vous êtes celle qui a osé filmer Bernard Campan dans un rôle dramatique (Se souvenir des belles choses)… Vous l’avez ainsi révélé.
Je l’ai rencontré dans un festival et il me manquait mon acteur principal. C’était exactement lui. Je suis parti lui parler et je l’ai trouvé absolument génial. Quelqu’un à fleur de peau, sensible, doux . Je suis contente pour lui de l’évolution de sa carrière.
Quels sont vos projets ?
Je viens de finir le tournage d’un téléfilm d’Arnaud Sélignac avec qui j’avais déjà joué dans « Les vérités assassines » qui traitait d’un psychiatre d’urgence. Nous avons fait la suite, avec Catherine Jacob et Pierre Cassignard à mes côtés. J’adore le titre : « Notre Dame des barjots » ! Il fera vraiment très peur… Sinon j’ai un projet de théâtre en tant que metteur en scène, et un projet de long-métrage. Il s’agirait d’une adaptation d’un livre sur des adolescents. J’y ai vu un vrai potentiel cinématographique.
Bon courage pour tout cela !
Merci beaucoup à vous !
JE L’AIMAIS
Romance française de Zabou Breitman, avec Daniel Auteuil, Marie-Josée Croze, Florence Loiret.
Chloé va mal. Son mari vient de la quitter, et elle se retrouve seule avec ses deux filles. Pour lui remonter un peu le moral, Pierre l’emmène dans sa maison de campagne. Un soir autour du feu, Pierre lui raconte une autre histoire d’amour déchu : la sienne. Au fil des confidences, les souvenirs surgissent, entre nostalgie et regrets.
Je l’aimais vous emportera par ses images soignées, le bon jeu des acteurs et son intrigue passionnante. La réalisatrice nous emmène une nouvelle fois sur le thème de l’humanité qui surgit d’où on ne l’attend pas…
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