Mano Solo quitte le port

« Mes amis ne pleurez pas, le combat continue sans moi. Tant que quelqu’un écoutera ma voix, je serai vivant dans votre monde à la con », chantait Mano Solo en 1997 sur l’album
Je sais pas trop.

Le chanteur à la voix déchirante est décédé, dimanche 10 janvier, à l’âge de 46 ans, des suites de plusieurs anévrismes. Atteint du sida depuis de nombreuses années, et faisant de sa maladie à la fois un combat et une source d’inspiration, il n’hésite pas à s’engager dans sa musique, et s’impose comme un poète militant.

Fils du dessinateur satirique Cabu et d’Isabelle Monin, militante écolo et co-fondatrice du magazine La Gueule ouverte, il tient d’eux son franc-parler et son goût pour l’engagement. Après s’être essayé à la peinture, il délaisse finalement les pinceaux pour la guitare et passe derrière le micro. C’est en 1993 qu’il sort son premier album, la Marmaille nue, et qu’il rencontre ses premiers succès. Il y raconte ses années d’errance, les folies de sa jeunesse, et s’impose ainsi dans le paysage musical français. Pendant plus de quinze ans, ce chanteur au look un peu punk et au visage anguleux chante son désarroi, ses souffrances, sa colère et ses espoirs dans un style éclectique alliant des sonorités variées inspirées des rythmes africains, du tango ou encore du jazz manouche. Son univers musical inclassable, reflet d’une personnalité toute aussi unique lui attacha un public fidèle et lui valut trois Disques d’or.

Rentrer au port, son dernier album, est sorti en septembre dernier. C’est sa mère, hier, qui a annoncé la nouvelle de son décès sur le forum ManoSolo.net, en écrivant ces mots : « Il ne viendra plus. Il ne viendra plus nous invectiver. Il ne viendra plus nous encourager. Il ne viendra plus nous donner tout ce qu’il avait : son talent, sa force, son élan, sa générosité ».