Amy Macdonald, itinéraire d’une enfant prodige
La jeune chanteuse écossaise, frimousse adorable et voix profonde, sort en mars son tout dernier album Don’t Tell Me That It’s Over. Retour sur le parcours autodidacte d’une enfant de la guitare.
This is The Life, son premier album, campe l’univers folk rock d’Amy Macdonald. Une voix puissante, étrangement semblable à celle de Dolores O’Riordan (la chanteuse des Cranberries), des mélodies entraînantes et un son échauffé font le succès de cet opus. Don’t Tell Me That It’s Over est le deuxième album de l’auteur-interprète. Le son y est plus dense, plus nerveux et convoque des paysages cinématographiques. La jeune chanteuse y déroule son éternelle folk pop mâtinée de cette exaltation adolescente rebelle qui emmène vite et loin. Tour à tour légère ou énervée, toujours diantrement mélodique, la musique d’Amy Macdonald agite le neurone à rêveries. Menée tambour battant par des percussions dynamiques, elle donne envie de tournoyer sur soi-même, le visage renversé. Elle évoque les longues virées sur les routes désertiques. Et quand Amy prend sa guitare pour un tête-à-tête enlevé, sa voix puissante mêlée à l’instrument délicat éveille le songe d’une après-midi d’été, la poussière rendue visible par la lumière filtrant de vasistas clos. Dense, sa voix se déploie, se jouant des graves et des aigus, venant emplir les derniers recoins d’un espace saturé de guitares acoustiques, de basse et de batterie qui électrisent. Les morceaux, fluides, manquent peut-être de rugosité. Cependant, avec bonheur et a contrario de This is The Life, relativement linéaire, Amy Macdonald tente dans Don’t Tell Me That It’s Over des incursions dans l’électro. Et toujours, ses saillies symphoniques qui rendent ses mélodies si riches. Souvent nostalgique, lancinante, toujours en tension, sa musique entraîne. Un album idéal pour partir en road trip solitaire sur la 66.
Le succès d’Amy Macdonald semble naturel : une signature vocale, une silhouette et un visage de rêve, des harmonies convaincantes. Cependant, le parcours de cette enfant prodige démontre bien que, si l’inné est une chose, le travail en est une autre…
Amy, l’enfant prodige
Cette jeune auteur-compositeur à la bouille à croquer est, à tous points de vue, bluffante. On imagine mal une telle puissance vocale offerte à cette jolie créature aux yeux bleus démesurément grands et au minois enfantin. Comment la musique vint-elle à cette jeune fille ?
Amy a la musique dans la peau. Difficile de trouver un point de départ à sa vocation. Chez Amy, on a l’impression d’un flux tous azimuts. Mais comme nous avons tous besoin de repères, nous allons, de manière arbitraire, poser comme jalon le moment où sa généreuse grand-mère lui donne de l’argent pour s’acheter des bonbons. La petite Amy a treize ans et préfère se procurer The Man Who de Travis (oui, ça fait un sacré paquet de bonbons). Mais ce sacrifice glucosé ne fut pas vain puisque la pop simple et efficace de Travis convainc la petite Amy de passer aux choses sérieuses. Et les choses sérieuses, elle les fait avec une légèreté désarmante et une voix armée. Elle passe alors la majeure partie de son adolescence à composer, se construisant un panel de sérieuses références (Travis, Bruce Springsteen, Red Hot Chili Peppers, etc.). Elle emprunte une guitare à son père et apprend à en jouer en autodidacte. Avec, elle s’amuse à jouer des chansons taquines à propos de l’adoration que sa sœur voue à l’acteur Ewan McGregor par exemple. Amy, malgré son âge, plutôt propice à l’extase aveugle face à des starlettes de pacotille, affiche déjà une certaine maturité, mêlée à un certain goût pour le sarcasme. Alors en troisième, elle rencontre le groupe de musique du quartier « Impact Arts », invité par son école. Etonné par les talents précoces de la demoiselle du haut de sa quinzaine d’années, le groupe lui propose un bout de sa scène à Glasgow. Elle joue ses propres compositions ainsi que quelques reprises tout à fait honorables : REM, Tears For Fears, etc. Puis, elle enchaîne quelques concerts du Starbucks jusqu’au Barfly (salle de Glasgow). Elle dédaigne l’université, au sein de laquelle elle avait été pourtant admise, et quitte l’école à seize ans. Sweet sixteen… Plutôt que de s’avachir sur le canapé familial et de ne s’en relever que pour aller courir les garçons, Amy, qui n’en finit pas d’étonner par sa détermination, envoie des maquettes à différentes boîtes de production. Pas totalement autiste, elle sort tout de même et, à l’issue d’un concert de Pete Doherty, l’inspiration la prend tandis qu’elle prend sa guitare. Elle compose alors This is the Life, qui connaîtra un succès mondial. Elle finit par être remarquée par Melodramatics Records, boîte de production dirigée par Pete Wilkinson. Et là voilà, ses 22 ans tout juste sonnés, sortant son deuxième album.
That is Not Over…
Tracklisting
Don’t Tell Me That It’s Over
Spark
I Got No Roots
Love Love
An Ordinary Life
Give It All Up
This Pretty Face
Troubled Soul
Next Big Thing
Your Time Will Come
Piano New
À noter: une reprise live de “Dancing in the dark” de Bruce Springsteen
« Partir au Québec avec l’OFQJUn état de l’art contemporain en France : interview de Gilles Fuchs, président de l’ADIAF »