Les Mando Diao, entre rêve et réalité

A l’occasion de la sortie de Give Me Fire en France, le quatrième album des Mando Diao, Gustav Noren, l’un des deux chanteurs, nous propose une conception intéressante de leur art : du rock indie, mais il ne faut pas le dire…

– « Mando Diao », c’est un nom étonnant, qui ne sonne pas très rock’n’roll…

– Nous ne voulions pas que les gens devinent notre son en entendant notre nom. Et…Nous ne voulons pas être un groupe de rock. Je veux pouvoir, un jour, faire autre chose.

– Etes-vous toujours les mêmes, après Give Me Fire ?

– Non, nous connaissons les règles du jeu. Nous savons qu’il peut être l’essentiel de notre existence. Au début, nous étions simplement des enfants, comme devant un miroir, à nous regarder jouer au tennis. C’était rigolo, mais c’était tout. Nous faisions semblant d’être quelqu’un d’autre.

– Toi, qui voulais-tu être ?

– John Lennon, Mickael Jackson, Kurt Cobain, James Dean…Tu as vu le sourire d’un enfant quand il s’endort ? A 7 ans j’avais le même en écoutant les Beatles. J’étais entièrement pur, et entièrement sobre musicalement…C’était comme boire ma première bière. Mickael Jackson, c’est celui que je préfère à tous et qui m’a sans doute influencé le plus. Enfin je ne sais pas vraiment, comment savoir ce qu’il se passe vraiment quand on compose…Mais maintenant, nous sommes notre propre groupe, et nous pouvons écrire notre propre histoire.

– Deux chanteurs leaders dans un même groupe (avec Björn), n’est-ce pas difficile ?

– Non, parce que je ne veux pas être le leader. Je veux être le cerveau derrière tout ça, mais pas qu’on ne connaisse que moi. Si j’étais peintre, je vivrais dans une collectivité d’artistes, pour décider de tout, mais derrière le rideau.

– C’est l’instant où tu écris les chansons…

– J’adore ce moment précis, et quand je joue un air, je veux toujours l’avoir créé moi-même. J’ai le sentiment que la chanson devient de moins en moins personnelle, quand les autres s’en emparent, mais c’est aussi la magie d’un groupe : tu as en mains la chimie de la composition. Puis le groupe l’écoute et la joue avec 5 personnalités différentes, et c’est fascinant.

– Comment s’est passé la création de Give Me Fire ?

– Nous avons signé un contrat pour l’album seulement un mois avant qu’il ne soit réalisé. Quand nous l’avons fait, nous étions donc libres de faire la musique que nous voulions. Nous l’avons créé avec les Salazar Brothers, qui maîtrisent les technologies…Je ne suis pas un personnage de technique. Dans un jeu vidéo, j’aurais 100 points pour la musique, 2 pour la technique, dit-il le regard dans le ciel. Je ne sais même pas vraiment accorder une guitare…

Give Me Fire, est-ce une histoire de désirs ?

– Une histoire de drogues, oui. Quand nous étions plus jeunes, des drogues circulaient, et quand à 16 ans il n’y a pas d’autre vie possible que celle-ci…Give Me fire, Blue Lining, The shining en parlent. Et comme un film avec son nœud dramatique, il faut écouter l’album dans l’ordre, du début à la fin, pour en comprendre le sens.

– Mais n’y a-t-il pas d’autres dépendances ?

– Il y en a beaucoup d’autres oui, et les êtres humains ont besoin d’en avoir. Pour certains, c’est gravir des montagnes, pour nous, c’est notre musique…Pourtant ce n’est bon pour personne, ce job, un médecin m’a dit d’arrêter de suite, mais j’en ai besoin…Je suis une personne malsaine, et la musique m’aide sans doute à contrer d’autres choses.

– C’est le rêve ou la réalité, cet album ?

– Il y a une partie décente, le rêve d’un artiste. Give me fire est la réalité d’un artiste, Crystal la conclusion d’un artiste. C’est une chanson funèbre…La vie est une chose sympathique, mais la mort est une chose belle. Et je n’en ai pas peur.

– De quoi as-tu peur ?

– De perdre mes proches…Et mon talent. Tous les artistes perdent leur magie, et je sais qu’un jour, quand je me lèverai…Et je serais toujours vivant…Mais ce sera une vraie mort.

– Mais tu l’as ce talent, il est à l’intérieur de toi !

– Mais je ne peux pas l’attraper, le prendre comme un porte-feuille et le glisser dans ma poche ! rires

– Que verrait-on sur la planète des Mando Diao, ailleurs dans l’espace ?

– Que des ghettos…Le regard à nouveau dans le ciel…La nuit, c’est le temps du paradis, le jour, c’est horrifiant. Nous parlons du paradis et de l’enfer, c’est tout ! sourire

Sortie de l’album Give Me Fire en France en septembre 2009, label Universal Music France


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