Séverin : un artiste qui a du goût !

D’entrée de jeu, Séverin raconte l’histoire de son appartement bien agréable et convivial, le ventre tout plein de vieux meubles et d’instruments de musique : un psychopathe vendeur de cycles marchandait ici. Séverin a retrouvé une panoplie d’armes entre autres.

Nul doute que l’esprit macabre erre près du musicien enthousiaste qui laisse des feuilles avec quelques mots jetés au crayon à papier sur les murs de sa cave…

Rencontre avec un poète musical qui n’a pourtant rien de sombre ! La preuve.

C’est souvent au creux de l’éloignement, de la rupture et du lointain, que se créent les plus belles mélodies. De cette souffrance, naît Cheesecake, le nouvel album.

« J’ai vécu une séparation. Je me suis retrouvé sans fille à la maison. En tournée, j’étais toujours entouré d’hommes, je n’en pouvais plus ! J’avais un manque de filles. »

Ici, quelques bulles poppy pétillantes éclatent contre du champagne aux coupes brisées. Mais pourquoi « Cheesecake » ?

« Quelque chose qui n’a rien à voir avec la musique, quoique…J’adore la cuisine. J’aime construire des choses voilà. Et un cheesecake, ça se partage : là, j’ai travaillé pour 14 filles différentes. Trouver ce qui correspond musicalement à chacune, ça me plaisait. Chaque histoire est unique : chanteuses, architectes, une banquière…En fait j’ai des listes de filles, comme un tueur en série. »

Et quand je lui demande si la diversité des parfums possibles a son importance…

« Oh non ! Je suis un puriste, j’aime le cheesecake juif parfait. Pour les photos, on a utilisé d’autres cheesecakes, dont un à la fraise, précise-t-il en tordant le nez. Je n’y ai pas touché. Et tu sais, je ne sais pas si ça s’entend, mais cheesy, c’est assez mélo » me dit-il avec un charmant sourire, les yeux posés sur les cieux un court instant.

« C’est doux et salé à la fois. »

Des morceaux à découper entre 15 personnes…

«Ce que j’aime dans ce projet, c’est la transversalité. Toutes les filles sont différentes, mais il y a une harmonie malgré tout, puisque c’est moi qui ait écrit toutes les chansons…Non ?» me demande-t-il en riant.

Mais ce gâteau gourmand familial et séducteur, c’est un peu l’inceste du roi dans son harem aussi :

« Je suis présent dans tous les morceaux. C’est comme Charlie, si tu cherches bien, tu peux me trouver, parfois je suis là et c’est imperceptible… »

Séverin est maître du jeu :

«Avant je formais One-Two, un duo électro avec un autre. Mais j’avais envie de faire mon projet à moi. Quand tu travailles avec quelqu’un, tu fais toujours des compromis. Sur un album, tu écris seulement 6 chansons… »

Préférant le célibat de toute évidence, il se délecte de sa liberté trouvée pour créer un univers bien à lui.

Il associe des joues qui ne sont pas rasées de près et des boucles désordonnées, à un petit polo joliment soigné, un regard affectueux et rêveur : indices de virilité et de délicatesse presque féminine. Un subtil mélange dont Cheesecake est intimement porteur : une belle contradiction à la lisière de l’oreille. Séverin effleure ici l’univers féminin du bout des doigts.

« La musique est féminine oui, c’est l’idée d’une certaine pureté, d’une certaine douceur, même si toutes les femmes ne se reconnaîtront certainement pas dans cette conception mais…Faire un disque féminin, c’était vraiment mon objectif. C’était ça. Alors si toi, étant une fille, tu le ressens comme ça… »

Des petites bulles pop toutes légères lancées par des égéries. Oubliés les temps mythiques où les sirènes étaient des menaces envoûtantes. Elles travaillent avec un homme pour concocter un gâteau gourmand et léger tout à la fois : ne pas oublier, une femme fait attention à sa ligne. La portée reste donc en ébullition aérienne et mélodieuse, teintée d’enthousiasme. « Pourquoi faire un album plus dramatique ? C’est un passage à autre chose, avec une nouvelle construction ».

Je tâte le monde musical de Séverin. Quelles sont ses influences ?

« Des musiques très mélodiques. La mélodie c’est ce qu’il y a de fondamental pour moi. Donc les Beatles bien sûr, Paul Mc Cartney seul aussi, ou Paul Simon, les Kinks…Des choses comme ça, très sixties finalement. Je suis capable d’être totalement amoureux d’un morceau et un seul d’un groupe. C’est un truc de musicien sans doute, je peux m’attacher à un son et aimer un morceau juste pour lui…J’aime des types comme Gainsbourg qui sont sur tous les registres. »

Séverin confie alors que son prochain album sera peut-être fait intégralement de zouc. Ou encore, que ce sera une galette sur le retour de la Goa. Ou…Un truc de métal ? Sur cette dernière suggestion j’émets quelques réserves…

« Le but, c’est juste de ne pas s’ennuyer ».

Quelques madeleines, thés et photos souvenir plus tard…Devant Séverin, on se dit qu’à 30 ans environ, c’est encore possible de tenir suffisamment de fraîcheur dans sa paume pour répandre de l’air frais et sucré dans les tympans.

Sortie de l’album Cheesecake le 29 juin 2009, label cinq7.


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