Psycho Tropical Berlin : une plongée dans l’univers exotique de La Femme

Fidèle à son éclectisme, La Femme nous attire dans un monde aux multiples facettes dans son premier album. Psycho Tropical Berlin distille l’image de la femme dans toute sa puissance et ses faiblesses sans jamais tomber dans les clichés. Entre sons électro, coldwave, rock en passant par le psychédélique et des touches de musique indienne, La Femme invoque des périodes et des imaginaires différents à travers des morceaux propres et travaillés agissant comme des psychotropes. Rencontre avec Marlon, l’un des deux leaders du groupe.

Racontez-nous d’abord comment s’est formé le groupe ?

Le groupe a été formé par Sacha et moi. Au début on a mis sur le net beaucoup de chansons qu’on avait écrites et montées sur GarageBand, puis comme on a eu des propositions pour des gros concerts, on a formé le groupe La Femme et on a recruté une chanteuse, un batteur, un bassiste, etc. On a ensuite commencé à faire des concerts, on est partis très tôt aux Etats-Unis et là bas on a fait 24 dates en 3 mois, c’était énorme ! Quand on est rentrés, on nous a ouvert toutes les portes : festivals, labels, etc. Depuis deux ans, on fait des tournées, ça bouge pas mal.

Pourquoi avoir appelé votre groupe La Femme alors qu’il a été fondé par vous et Sasha ?

Tout simplement parce qu’on sollicite beaucoup de voix de filles et ça sonnait bien.

Qu’est-ce qui vous a décidé à sortir votre premier album ?

On avait plusieurs bonnes chansons et on voulait vraiment en faire un album. Quand on est rentrés des États-Unis il y a deux ans, on a commencé à l’enregistrer et à le produire nous-mêmes. On pensait le sortir plus vite, finalement ça nous a pris deux ans puisqu’on voulait être pointus en son et en être fiers.

On remarque que le groupe n’est pas figé. Outre la diversité de courants musicaux, électro, rock, etc. vous faites appel à des chanteuses extérieures au groupe. Vous n’avez pas peur de trop vous éparpiller musicalement ?

Non parce que c’est nous (Sasha et Marlon, ndlr) qui écrivons et qui composons tout, donc on ne peut pas vraiment s’éparpiller. Il y a des chansons sur lesquelles certaines voix font plus l’affaire que d’autres, mais on n’a jamais trouvé LA chanteuse qui pouvait tout faire. Ça rejoint aussi la philosophie de La Femme, ce n’est pas une chanteuse, une femme, mais tout un ensemble.

Quelles sont vos influences musicales ?

Surtout les années 60 et 80 et plus globalement tout le 20ème siècle. Les débuts de l’électro avec Kraftwerk, Giorgio Moroder, la cold wave aussi et puis les sixties avec la surf music, le twist, le yéyé, la période Gainsbourg et Dutronc entre autres.

La chanson « La Femme » se termine par « venue pour rompre le silence, la femme vous tend sa main blanche. Si vous la saisissez, ce sera le frisson de votre vie ». C’est la 3ème chanson de l’album, peut-on parler d’une promesse faite à ceux qui vous écoutent ?

Oui c’est un peu ça. « La Femme » peut représenter le groupe, mais elle parle aussi de la femme en général. Il y a une double lecture.

Cette chanson donne vraiment à la femme une image de tentatrice, de succube…

Oui c’est complètement ça ! D’ailleurs si on avait eu 500 000 euros pour le clip, on aurait représenté des Détracteurs d’Azcabane. On voulait créer une image de femme spectre qui vient hanter l’homme, qui le pourchasse partout. Il y a tout un côté mystérieux, mystique, qui émane d’un monde à la fois paradisiaque et jouissif.

La dernière chanson « Welcome America » est un clin d’oeil à votre expérience américaine ?

C’est un clin d’œil effectivement, mais ce qui est drôle c’est que cette chanson a été écrite avant que l’on parte aux USA.

C’était une chanson prémonitoire et un objectif alors…

Exactement. D’ailleurs j’ai souvent entendu que des écrivains ou d’autres artistes écrivaient sur un truc et que ça finissait par se réaliser.

Vous êtes un peu superstitieux, non ?

Non pas vraiment, mais on aime beaucoup jouer avec ça, car on sait que beaucoup le sont. C’est pourquoi on met des paroles un peu bizarres dans nos textes pour que les gens se posent des questions, même s’il n’y a rien derrière, ça nous amuse beaucoup.

Comptez-vous retourner aux Etats-Unis ?

Oh oui ! On est actuellement en train de préparer un départ pour janvier prochain. Je ne sais pas pour combien de temps, mais c’est sûr qu’on va y retourner. J’ai très envie d’aller au Japon aussi, mais c’est beaucoup d’investissement. Il faut avoir des subventions. Faire venir tout un groupe et le matériel, coûte très cher, donc c’est compliqué pour le moment. On a vraiment hâte de pouvoir jouer au Japon, je suis sûr qu’on rencontrera un vrai public là-bas.

Pensez-vous pouvoir vous développer davantage musicalement aux USA ?

Je pense oui ! Déjà en vivant des expériences folles, en rencontrant des gens, et puis retrouver le public, avoir de bons soutiens là-bas pour nous développer encore à leur contact.

On relève plusieurs types de figures féminines : sensuelle, menaçante, apeurée, triste, infidèle, trompée, féministe, celle qu’on fuit parce qu’elle est synonyme de problèmes. La plupart du temps elles sont malmenées dans l’album. Est-ce là votre propre vision de la femme ?

Peut être oui, mais elles ne sont pas forcément malmenées, ce sont juste des femmes dans plusieurs histoires différentes. Ce sont des situations que l’on rencontre tous. « Françoise » par exemple, est triste et abandonnée, elle est dans la complainte, oui, là c’est plutôt la femme fragile. C’est souvent lié à ce qu’on a vécu, mais parfois on s’inspire d’un sujet et on le remodèle.

Quelles sont vos principales sources d’inspiration pour les paroles ?

La vie, l’amour, l’histoire, la mort, la société, bref des sujets universels. Ce sont des histoires que l’on aurait pu vivre parfois. On s’est inspirés de plusieurs situations, par exemple pour « From Tchernobyl with love » (disponible sur format digital, ndlr), on s’est appuyés sur l’histoire. Elle parle d’un liquidateur qui devait éteindre le feu de la centrale de Tchernobyl, il s’est sacrifié en s’exposant aux radiations. Cette chanson évoque un mec qui écrit une dernière lettre à sa femme et ses enfants avant de mourir, il lui explique que la vie est belle, que tout va bien, qu’il a hâte de les retrouver alors qu’il sait très bien qu’il va mourir.

Des concerts prévus ?

On va faire une grosse tournée dans toute la France. Paris, Biarritz, Bordeaux, Pau, Strasbourg entre autres, on se produira aussi en Suisse, en Belgique et ça finira en novembre, au Trianon où l’on fêtera à fond la fin de la tournée. On sera aux festoches aussi : les Eurockéennes, les Vieilles Charrues, les Francofolies et plein d’autres.

Propos recueillis par Saba Agri

Crédits photo : jf.julian


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