Kilari fait sa rentrée! Rencontre avec An Nakahara
Avec plus de 3,5 millions d’albums vendus au Japon, Kilari est un véritable phénomène qui séduit aujourd’hui le public français. Plutôt destiné aux petites filles, l’univers de Kilari est fait de strass et de paillettes dans lequel évolue cette jeune idole. Elle s’apprête à parcourir un chemin sinueux pour devenir une star, où aventures, péripéties et rencontres étonnantes seront au rendez-vous, pour le plus grand bonheur des lecteurs. A l’occasion de la Japan Expo 2010, l’auteur de Kilari répond à ses fans. Une entrevue touchante avec An Nakahara…
Pour découvrir les origines de Kilari, il faut remonter à l’enfance de l’auteur. Depuis qu’elle est petite fille, An Nakahara est bercée par l’univers des shojos*. Lorsqu’elle a commencé à écrire, elle s’est tournée naturellement vers ce type de manga avec « Sweet lesson », pour enfin rencontrer le succès avec sa deuxième série, qui n’est autre que Kilari. Aujourd’hui encore, elle continue à lire des shojos. « C’est un bon moyen de regarder ce que font les autres auteurs, car la compétition est rude. Les shojos sont nombreux sur le marché, c’est pourquoi observer le travail des autres pour créer une réelle différence est indispensable pour exister ».
An Nakahara met un point d’honneur à se mettre à la place de ses lectrices pour imaginer ce qui leur ferait le plus plaisir. Pour cela, l’auteur à son atout : suivre la mode. Elle confie qu’il est important de suivre la mode vestimentaire car les jeunes filles peuvent plus facilement s’identifier et rêver de porter les habits de leur héroïne. An Nakahara communique sa passion pour la mode et la création à travers son personnage Kilari. Souvent vêtue de très jolies robes, l’auteur ne lésine pas sur les paillettes pour éblouir ses lectrices. An Nakahara partage un autre point commun avec son héroïne : la gourmandise. Dans le manga, Kilari adore manger, à tel point que son visage se transforme de façon effrayante dès qu’elle aperçoit de la nourriture. Championne d’engloutissage de crêpes, elle a gagné le droit d’en manger à volonté. Mais contrairement à ce qu’on pourrait croire, les crêpes ne sont pas le dessert préféré de l’auteur. Bien qu’elle en raffole, elle préfère les crèmes au caramel !
Une recette magique!
Pour faire un bon shojo, il ne faut pas seulement être à la mode, il faut aussi de beaux garçons. Avec Hiroto et Seiji, principaux personnages masculins, la série ne manque pas d’attrait. Les histoires de shojo sont souvent centrées sur les sentiments éprouvés par les garçons pour l’héroïne. Mais l’histoire de Kilari tourne principalement autour du parcours de la jeune idole qui arrive dans le show business. Les garçons sont au second plan, au même titre que les animaux ! Mais oui, dans Kilari, les chats sont des personnages très importants qui se comportent comme des humains, se révélant même plus talentueux que leur maître. Dévoués et fidèles, ces animaux sont aussi un atout phare de la série et occupent une grande place dans les aventures de Kilari. Ils sont dessinés de façon simple pour que les jeunes lectrices puissent les redessiner plus facilement et s’approprier les personnages. Mais, pour certaines personnes, ces traits un peu simplistes prêtent à confusion : « Au Japon, Na-san est souvent pris pour un petit chien ! »
Le succès de Kilari est lié au thème abordé. « Au Japon, si tu choisis de faire un manga sur les idoles, tu es sûr que ça marchera ». Il est vrai qu’en France, nous avons du mal à nous représenter l’engouement prononcé pour de jeunes artistes débutants, mais cette phrase montre bien que l’intérêt suscité par ces stars au Japon est bel et bien réel. Un sujet qui plaît et dont les jeunes raffolent. Lorsqu’on demande à An Nakahara si elle a fait des recherches sur l’univers de la musique et du showbiz, on apprend que ce n’est pas vraiment le cas. Avec une imagination débordante, l’auteur s’inspire de l’engouement que créent les idoles envers les fans pour le restituer de façon « magique » dans son manga. « Le fait que l’histoire ne reflète pas exactement la réalité du métier laisse une part de mystère qui offre une plus grande liberté dans l’écriture du scénario ».
Un résultat délicieux
Aujourd’hui, Kilari est un phénomène international qui donne lieu à de nombreux objets dérivés, un jeu vidéo, ainsi qu’un dessin animé. La jeune héroïne est doublée par une véritable idole au Japon : Koharu Kusumi. Ex-membre des Morning Musume, cette jeune chanteuse a propulsé sa carrière au Japon en prêtant sa voix à Kilari. Comme nous n’avons pas ce phénomène en France, il est difficile pour nous de se représenter cet engouement de la part des japonais pour les idoles. « Même s’ils vieillissent un peu, tant que leur cœur appartient aux jeunes, ils continuent d’être des idoles. Et, selon les personnes, ils peuvent réorienter leur carrière : acteur, chanteur… » Un fort intérêt de la part des adolescents, qui n’est apparemment pas près de s’atténuer.
Pourtant, après six ans d’existence, Kilari est aujourd’hui une série terminée au Japon. Une période assez longue pour un shojo, mais vu son succès, pourquoi ne pas avoir fait grandir l’idole ? « Kilari est destiné aux petites filles, donc si l’écart d’âge entre le personnage et les lectrices est trop grand, elles auront du mal à s’identifier ». C’est donc pour rester fidèle à son public que l’auteur a mis fin à Kilari, et préparé un nouveau manga destiné au même public. « Je voulais dessiner un univers plein de paillettes et très mignon, non pas vraiment par plaisir personnel, mais parce que les petites filles aiment bien ce qui est joli : coiffure, dessin, robe… C’est surtout pour leur faire plaisir. Personnellement, je lis beaucoup plus de Seinen*, et lorsque je dessinerai beaucoup mieux et que je serai plus douée en manga, j’aimerais bien m’y essayer ». Une révélation pas si étonnante quand on sait que Nakahara-sensei est une passionnée de jeux vidéo, un sujet souvent utilisé dans ses mangas-thrillers.
En attendant la découverte des nouvelles œuvres de l’auteur, la sortie du tome 8 de Kilari ce 8 septembre saura vous faire patienter. Les aventures de cette jeune idole vous transporteront dans un univers pailleté qui vous réservent plein d’autres surprises. Une série à lire, et une auteure à suivre…
*Shojo : manga destiné aux filles, souvent les héroïnes sont entourées de beaux garçons très amoureux
*Shonen : manga plutôt destiné aux garçons, ce sont des mangas d’action
*Seinen : manga plutôt pour les adultes où les histoires sont plus dures et souvent sous forme de thriller, les dessins sont souvent plus travaillés et plus fidèles à la réalité
Synopsis :
Kilari est une collégienne de 14 ans gourmande et insouciante jusqu’au jour où elle rencontre Seiji, célèbre chanteur appartenant au groupe Ships. Elle tombe follement amoureuse de lui et décide de devenir une idole à son tour afin de faire partie du même monde que lui. C’est un chemin long et périlleux qui l’attend pour se dresser au rang de star. Mais Kilari peut compter sur l’appui de ses nouveaux amis pour mener à bien son rêve. Frais, hilarant, original et touchant, Kilari réuni tous les ingrédients pour vous séduire. Son scénario dynamique et ses personnages atypiques vous emmène dans un univers de paillette où humains et animaux sont sur un pied d’égalité. Un succès mérité pour ce manga dont la naïveté et le dévouement de l’héroïne sont si touchants qu’on ne peut s’empêcher d’être fan à son tour !
Auteur : An Nakahara
Editeur : Glénat
Prix : 6,50 Euros
http://www.glenatmanga.com/kilari-01-9782723471336.htm
Mélissa Idbazzi
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