La Casa : deux potes et un album
Il serait étonnant que le public passe à côté du premier album de La Casa : Les trucs abîmés. À force de monter des festivals, d'aider les copains à monter le leur, il était temps qu'ils débarquent avec un disque bien à eux et dont tout le monde peut profiter. Désormais membres de la grande famille du rock, le duo trentenaire n'a pas fini de surprendre, à en juger par leur tout premier single Go Go Go.
Pouvez-vous présenter La Casa ?
Jeff : Bien sûr, nous pouvons nous présenter. Je suis Jeff, je fais de la guitare électrique et je participe à la mise en musique des chansons de Pierrot.
Pierre : Moi, je suis Pierrot. Je suis celui avec les lunettes sur la pochette. Je chante, j'écris et je compose les mélodies que je propose ensuite à Jeff et sur lesquelles on travaille ensemble, en duo.
Jeff : Et donc moi c'est Jeff… (rires)
Comment est né le groupe ?
Jeff : Cela fait 15 ans que nous faisons de la musique ensemble et 10 que nous avons décidé d'en faire notre métier. Pendant 7 ans, nous avons fait partie d'un groupe, La sainte java, qui était en quelque sorte notre laboratoire musical puisque nous y avons joué tous les styles, du rock alternatif au reggae, en passant par une période seventies/punk. Nous avons décidé, il y a 3 ans de nous réunir autour des compositions de Pierre et de former La Casa.
Vous êtes amis d'enfance…
Jeff : En fait, nous sommes amis depuis plus que l'enfance, car nous avons 30 ans et nous nous connaissons depuis exactement 30 ans.
Pierre : Nos parents étaient amis. D'ailleurs, quand nos parents se réunissaient, nous organisions des spectacles.
Jeff : C'est vrai, nous faisions un show live à chaque fois avec les petits frères, les petites sœurs… (rires). Nous faisions du clavier, nous mettions des chapeaux et des costumes.
Pierre : C'était énorme. Du coup, nous avons commencé à faire ça aussi pour nos copains.
Jeff : Et de fil en aiguille…
Avez-vous pris des cours de musique ?
Pierre : J'ai pris des cours de clavier, mais cela n'a rien donné.
Jeff : Et moi, j'ai pris des cours de guitare avec son prof de clavier, et bizarrement, ça n'a rien donné non plus (rires).
Pierre : Nous sommes de vrais autodidactes. Nous nous sommes mis à la guitare comme beaucoup d'adolescents. Jeff avait d'ailleurs les cheveux longs.
Jeff : La guitare, c'est cool (rires).
Quelles sont vos influences musicales ?
Jeff : Plutôt la musique américaine, comme Calexico, Cake, Beck.
Pierre : Gainsbourg aussi. Mais il n'y a pas un de ces artistes qui a plus influencé l'album qu'un autre, car c'est toute notre vie qui est un peu digérée dedans, tout ce qu'on a vécu, de la musique qu'on écoutait à 20 ans à celle que nous écoutons aujourd'hui.
Comment avez-vous choisi le nom du groupe ?
Pierre : Ah l'histoire…
Jeff : Il y a 4 ans, nous vivions en collocation avec deux amis. Nous avions créé un petit studio à la cave et c'était devenu comme une sorte de maison du bonheur pour nos copains qui passaient tout le temps. Nous l'avions surnommé « La casa de la felicidad » car à l'époque, nous aimions parler en espagnol. D'ailleurs, nous lui avions même créé une pancarte, placée devant l'entrée. Du coup, au moment de signer notre contrat, nous avons dû choisir un nom. C'est de là qu'est venu La Casa.
Vous avez 30 ans tous les deux…
Pierre : Nous n'avons que 15 jours d'écart. Je suis né le 24 février 1978 et Jeff est du 12 mars 1978.
… le succès, vous l'attendez ou vous ne faîtes pas de plans sur la comète ?
Pierre : Ah, merci pour le plan sur la comète qui est l'un des titres de notre album.
Jeff : Arriver à être signé, c'est un combat. C'est donc une récompense d'arriver là où nous sommes aujourd'hui. Nous aurions bien aimé que cela vienne plus tôt…
Pierre : … mais le fait que cela arrive plus tard, je trouve que c'est mieux car nous assumons vraiment notre album, nous en sommes vraiment fiers. Peut-être que si c'était arrivé avant, cela aurait été du gâchis. C'est le bon moment pour nous.
Jeff : Nous savons pourquoi nous sommes là et nous en profitons à fond.
Pierre : Pour nous, le succès, c'est de vendre suffisamment d'albums pour en faire un deuxième, organiser des tournées et pouvoir vivre de la musique. Ce n'est pas la même notion qu'on peut en avoir à 18 ans. Mais nous ne serions pas non plus contre le fait que cela cartonne (rires).
Est-ce plus facile de travailler entre amis ?
Jeff : Il est très lourd.
Pierre : Il dit des choses pas très intelligentes (rires). Mais je pense que c'est plutôt une force.
Jeff : C'est une faiblesse (rires). Mais je pense qu'on se complète et cela nous fait avancer très vite.
Pierre : Notre relation est compliquée car nous sommes les meilleurs amis du monde et il faut que l'on dépasse ça. Nous sommes collègues, donc 24h/24 ensemble. On essaye de s'éloigner un peu de temps en temps.
Jeff : Il y aura peut-être un clash un jour, mais on ne se le souhaite pas. Nous sommes assez cash pour se dire les choses. Et assez tolérants pour accepter sa connerie…
Pierre : …et ses blagues intelligentes (rires).
Pourquoi avoir intitulé votre album Des trucs abîmés?
Jeff : C'est le titre de l'une de nos chansons qui résume tout à fait l'album, dans le sens où elle a été l'une des premières à voir le jour. C'est celle-ci qui a été le détonateur pour savoir comment allait sonner ce premier disque. On y retrouve les vieux claviers qui craquent, le petit gimmick de guitare bling bling dans le refrain, la façon de faire sonner les trompettes… Nos instruments sont un peu abîmés et nous aussi. Des trucs abîmés sonnait donc bien pour un nom d'album.
Vous ouvrez l'album sur le 2 novembre. Pourquoi cette date ?
Pierre : Je suis content que tu me demandes de te raconter cette histoire car je l'aime beaucoup. Le 2 novembre 2005, un matin, je sors de chez moi sous un ciel noir et menaçant car j'avais rendez-vous au studio. J'avais seulement 300 m à faire à pied et je suis arrivé trempé. Je me suis retrouvé en caleçon, à faire sécher mes vêtements sur le radiateur, les cheveux dégoulinant et de la buée sur mes lunettes. J'avais un bout de papier alors je me suis mis à écrire le texte de la chanson d'un seul trait.
La scène est importante pour vous. Quelle serait la scène idéale ?
Jeff : C'est une bonne question.
Pierre : Jouer devant 40 000 personnes, ce doit être une expérience assez grisante et j'espère que cela nous arrivera.
Jeff : Je te promets que notre rêve n'est pas de jouer au PMU du coin (rires).
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