OrelSan : ado terrible du rap
Émanation de toute une génération sacrifiée et refermée sur elle-même, réfugiée dans les addictions, le son de OrelSan, rappeur de 25 ans, brise les codes. Dénonçant le fossé entre les générations, les textes efficaces de vérité, à la fois crus et complètement fous de son premier opus, Perdu d'avance, rassemblent et touchent la corde sensible. Nous on s'en bat les couilles de ce que disent les gens, OrelSan est un rappeur différent : un jeune qui nous représente vraiment. Et c'est ça qu'on aime.
Crois-tu que ce soit plus dur pour quelqu'un qui vient de province de se faire connaître ?
Je ne sais pas ce que c'est que de venir de Paris, donc je ne peux pas comparer. Tous les sons de mon album ont été faits avec Skread, mon pote de toujours et producteur de Booba, Diam's ou encore Nessbeal. Nous sommes comme un groupe finalement. J'habite à Caen et d'un point de vue relationnel, c'est sûr que cela a ses défauts. Je ne vais pas aller à telle ou telle soirée par exemple, je ne vais pas croiser telle ou telle personne importante. Mais cela a ses bons côtés aussi car cela me permet d'avoir du recul sur les choses et de raconter un autre style de vie.
Comment as-tu signé avec 3ème Bureau, le nouveau label de Wagram ?
Tout a commencé sur internet, il y a eu un buzz autour de moi. Pas mal de maisons de disques m'ont contacté suite au clip de la chanson St-Valentin que j'avais mis sur myspace. 3ème Bureau est quasiment venu me chercher en dernier. Ce que je voulais, c'était une petite équipe qui comprenne vraiment mon délire. J'avais peur de me perdre dans une grosse structure. Je suis très attaché à mon image et à mon éthique, il y a des choses que je ne suis pas prêt à faire pour réussir, je ne veux pas être un produit. Avec 3ème Bureau, je suis vraiment en famille.
Quelles sont tes influences musicales ?
Mon vrai kiff, c'est le rap américain des années 90, comme Jay-Z, Mobb Deep… et j'écoute aussi pas mal de rap underground. J'aime également le mélange des genres. Par exemple, dans la chanson Jimmy Punchline, nous avons mélangé un bit vraiment « old school » avec un son plus
« dirty » et plus actuel. Ce qui est important, c'est que l'instru serve bien la chanson. Je pense qu'un bon album est à la fois homogène et différent.
Yelle réclame un duo avec toi via la presse. Tu penses que ce serait possible ?
Peut-être plus tard. Je n'ai pas mis de featuring dans l'album, excepté Gringe car nous formons un groupe. Il y a aussi Ron Thal, le guitariste des Guns N'Roses, qui est venu jouer sur Peur de l'échec, car je suis fan de ce groupe. Pour l'instant, j'ai envie de faire mûrir mon univers et ensuite, j'envisagerai les duos improbables. Si je faisais un featuring avec Yelle aujourd'hui, j'aurais l'impression de me mettre plus dans son délire à elle, plus électro.
Quel est donc le style OrelSan ?
C'est un style très personnel. J'essaye de faire une musique qui me ressemble, ce qui donne un mélange de cru et de farfelu. Derrière l'humour, il y a des revendications ou une sorte de mal-être qui s'exprime. Derrière des titres plus sombres, il y a des choses beaucoup plus personnelles qui vont parler aux gens. J'essaye de raconter ma vie sans trop tricher, même si parfois tu es un peu obligé, sinon les gens ne comprennent rien (rires).
Le titre de l'album, Perdu d'avance, est aussi le titre de l'une de tes chansons…
Oui, j'aime bien l'expression « perdu d'avance ». Tu peux la prendre sous des angles différents. La chanson est là pour dire que j'ai un petit côté poissard. Je viens de province, je fais un rap différent qui ne plaira pas forcément à tout le monde, je vais donc sûrement sortir un disque qui partira aux oubliettes. C'est le côté pessimiste de « perdu d'avance ». Mais tout au long de l'album, on peut prendre l'expression au sens où ça va me booster et je vais faire un truc fantastique.
As-tu peur de l'échec, comme le dit ta dernière chanson ?
La peur de l'échec est constante chez moi et motive ma vie. Il y a beaucoup de choses que nous ne faisons pas car nous avons peur d'échouer et c'est un sentiment qui touche beaucoup de jeunes. Je ne sais pas si j'arrive à passer au-dessus, tout dépend de ma mentalité à un moment donné. Parfois, tu auras cette peur d'échouer collée au ventre et tu vas t'enfermer dans un genre de sable mouvant, une sorte de phobie folle qui peut t'emmener loin (rires).
Tu parles de syndrome de Peter Pan. 25 ans et 14 ans d'âge mental ?
Je suis un peu nostalgique d'avant, je kiff toujours les dessins animés, les fringues, je suis loin d'être casé, j'ai une certaine naïveté, je suis encore en train de croire à des trucs fantastiques… C'est pour ça que je parle de syndrome de Peter Pan. D‘ailleurs je le dis dans l'une de mes chansons, bientôt 26 ans et toujours en pleine crise d'adolescence. Il y a plein de jeunes de ma génération qui sont un peu comme ça aussi…
St-Valentin est le morceau qui t'a révélé…
Oui, c'est un morceau écrit pour dire que le 14 février, ça casse les couilles des mecs. Nous n'avons pas envie de mettre des costards ni d'emmener notre copine au resto, nous n'avons pas envie de faire comme tout le monde car nous sommes des rebelles de la life (rires), nous n'avons pas envie d'être romantique, alors nous nous sommes demandés, avec Gringe, ce qui pouvait être complètement anti romantique. La réponse, c'était le cul. Du coup, nous sommes partis dans ce délire de dire à une fille tout le contraire de ce qu'elle veut entendre ce jour-là…
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