Dans le champ de gravité d’Ayo

Il est des destins dignes de conte de fées. Ayo, née d'une mère gitane dont elle récupère le virus du voyage et de la rencontre, et d'un père originaire du Nigéria qui, émigré en Allemagne, lui transmet son amour de la musique, ne cesse de nous enivrer avec sa voix feutrée mais puissante, de nous attirer comme de pauvres papillons vers sa douce lumière. Révélée en 2006 avec son premier album Joyful, sorti dans 40 pays et vendu à plus de 450 000 exemplaires dans l'Hexagone, la jeune femme revient avec un deuxième opus, plus rythmé mais toujours épuré, intitulé justement Gravity At Last.

Peut-on revenir sur les deux années qui viennent de s'écouler, depuis la sortie de ton premier album ?
Ayo :  Les deux dernières années sont passées tellement vite. J'ai débuté ma carrière en France, mais j'ai rapidement commencé à travailler à l'étranger, afin de tourner et de promouvoir mon album. Je me sens bénie et je suis consciente que peu de personnes ont cette chance de pouvoir faire ce qu'ils aiment.

Maintenant que tu as un pied aux États-Unis…reste t-il une place pour la France ?
En fait, je ne suis pas connue aux États-Unis. Je suis toujours une jeune artiste en devenir là-bas. Mais peu importe ce qui se passera, l'Europe, et en particulier la France, restera l'endroit où j'ai commencé. C'est ici que se trouvent mes bases, mes origines musicales.

Pourquoi avoir posé tes valises aux Bahamas début 2008 ?
Je suis partie aux Bahamas pour enregistrer Gravity At Last. Je pensais que cet album avait besoin d'être enregistré dans un environnement chaud. Je voulais que chacun transpire, au sens propre comme au figuré, durant l'enregistrement, afin que la chaleur se ressente dans la musique.

Tu as enregistré dans les mythiques studios de Compass Point, comme Bob Marley, les Rolling Stones ou les B 52's. Quel souvenir en gardes-tu ?
J'aime Compass Point. Terri et Sherri, les propriétaires, sont les personnes les plus charmantes que j'ai pu rencontrer depuis longtemps. L'équipe, là-bas, nous a fait nous sentir comme une vraie famille. Et bien sûr, cela ne fait pas de mal de savoir que certains des plus grands artistes ont enregistré là aussi.

Tu as voulu travailler en analogique, à l'ancienne, entourée d'instruments vintage…
Le son analogique est un son plus chaud et plus chargé que le son numérique. Cela dit, nous avions l'habitude d'utiliser la technologie numérique plus naturellement, puisque le studio contenait les deux équipements. Finalement, j'ai pu travailler avec le meilleur des deux mondes.

Ton album est encore une fois épuré. C'est ainsi que tu considères la musique ?
Je n'ai pas vraiment de philosophie musicale. Tout ce qui a été créé est venu naturellement, et je n'ai pas pensé de manière conceptuelle. J'écris pendant mes voyages, en fonction de ma vie. Je n'ai rien préparé avant l'enregistrement et la plupart du temps, je n'ai fait qu'une ou deux prises par chanson.

Il paraît que tu as enregistré en cinq jours ?
Beaucoup des chansons de l'album existaient déjà. Comme avec mon premier album, j'ai eu la chance de jouer ces chansons en live, je les ai laissées mûrir avant l'enregistrement. Je pense que c'est ce qui fait que je peux enregistrer si rapidement.

Il y a plusieurs styles musicaux dans cet album. Est-ce une nécessité pour toi ?
Il n'y a pas d'autre but que la musique en elle-même quand on fait un album. Je ne choisis vraiment rien. Les couleurs de mes morceaux sont le résultat de tout  ce que j'aime, mais également de l'endroit où je me trouve, de ma vie. Mon écriture est très personnelle et basée sur mes propres expériences. C'est pour cela qu'il y a plusieurs styles, et non pas un seul et unique.

Maybe est une chanson magnifique aux accents blues…
J'ai eu l'opportunité de pouvoir travailler avec Lucky Peterson qui est l'un des plus grands pianistes que j'ai rencontrés. Cet homme est « le » bluesman par excellence. Il m'a aidée à apporter les bonnes couleurs pour cette chanson. Maybe est aussi intime et universelle que peut l'être n'importe quelle chanson d'amour.

Tu ouvres sur I Am Not Afraid, une chanson aux couleurs et à la chaleur africaine…
Ce morceau est devenu le premier de l'album une fois que tous les autres eurent été achevés. Cela n'a pas vraiment été un choix de mettre I Am Not Afraid en premier, cela s'est plutôt imposé au regard de son énergie, en parfaite concordance avec celle de l'album dans son intégralité. Quant au style de la chanson, j'ai une part de culture africaine, puisque mon père est Nigérien, il était donc naturel qu'elle se retrouve dans ma musique.

L'amour reste ton thème prédominant. Es-tu une grande amoureuse ?
Oui, je suis une amoureuse de musique, une amoureuse de l'amour et une amoureuse de la vie. La chanson Lonely est à première vue une simple chanson d'amour, mais je l'ai écrite pour mon père. Je pense que les paroles parlent d'elles-mêmes et permettent de découvrir comment je suis. La famille et l'amour vont de pair, il me semble.

Ton album s'intitule Gravity At Last. Ce n'est pas un hasard ?

Ma vie s'est écoulée incroyablement vite ces deux dernières années, j'ai été beaucoup occupée et de nombreuses choses se sont passées. Mais au milieu de tout cela, j'ai grandi et je me suis plus concentrée sur ma famille, j'ai également pris en maturité puisque aujourd'hui, je suis plus femme et je suis aussi maman. Cela a mis du temps à venir.

Parle-moi de ton premier single Slow Slow, que tu aurais paradoxalement pu appeler Run Run ?
A.: Je l'ai appelée Slow Slow tout simplement parce qu'il y a beaucoup trop de chansons dans le monde qui s'appellent Run Run. C'est l'un des morceaux les plus rythmés de l'album, même si je pense que le plus rythmé reste I Am Not Afraid. Je souhaitais que le premier single reflète parfaitement l'album qui est beaucoup plus dynamique que le premier.

La dernière chanson de ton album, Thank You, termine en beauté ce deuxième opus. Merci à qui et pourquoi ?
A.: Ne devrions-nous pas être tous reconnaissant envers les gens qui font partie de nos vies, les vies que nous vivons ? Je remercie les gens qui m'ont soutenue toutes ces années et qui m'ont permis d'arriver là où je suis aujourd'hui. La chanson commence par ceux qui ont cru en moi, puis continue par ceux qui ont acheté ma musique, et enfin par ceux qui sont venus à mes concerts. Je leur dois beaucoup. Alors merci encore à vous tous.


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