The Noisettes vont faire du bruit
Avec the Noisettes, il faut toujours s'attendre à l'inattendu. Deux ans après un premier album regorgeant premier album regorgeant d'esprit punk et de blues-rock ardent, le trio londonien revient avec Wild Young Hearts, un opus particulièrement réussi, réunissant des chansons pop-jazz élégantes imprégnées de soul et de disco étourdissants. N'appréciant guère les étiquettes, le trio avait toujours eu l'intention d'opérer un virage musical radical après leur premier album, What's The Time Mr Wolf ? Voilà qui est chose faite. Rencontre avec l'un des plus grands groupes de ces dernières années dont on devrait entendre parler…
Au premier regard, les Noisettes ressemblent à une formation classique : deux musiciens et une chanteuse. Jamie Morrison, le batteur barbu, semble être le leader de ce groupe anglais pas comme les autres. Il est imposant et son passé musical l'est tout autant puisque c'est lui qui compte le plus de disques à son actif au sein de la bande. Mais très vite, on s'aperçoit que celle qui mène réellement la danse est la somptueuse et fashion Shingaï Shoniwa, belle sirène noire originaire du Zimbabwe et du monde du cirque, à la voix de velours, souvent comparée à de nombreuses références prestigieuses, de Deborah Harry et Kate Bush à Billie Holiday et Diana Ross. Une voix que le groupe a d'ailleurs souhaité mettre beaucoup plus en avant sur leur deuxième album en donnant plus d'espace à la chanteuse. « Shingaï possède l'une des voix les plus extraordinaires que j'ai pu entendre et à l'inverse de notre premier disque où ses capacités vocales n'étaient pas exploitées à leur juste valeur, cette fois nous avons voulu qu'elle puisse montrer toute son ampleur », explique Jamie Morrison. L'amplitude de chant de Shinga Shoniwa y est réellement saisissante : doux et charmant sur Sometimes, qui ouvre l'album, jazzy sur l'acoustique Atticus, strident et sexy sur Don't Upset The Rhythm, et enjoué et triste sur le morceau d'inspiration Motown So Complicated, ou le futur single Never Forget You. La façon dont elle chante donne le ton de chaque chanson et le style musical du groupe s'en trouve alors naturellement changé… pour le meilleur. Un style plus pop et plus jazzy que sur What's The Time Mr Wolf ? et imprégné de soul et de disco. « Nous faisons toujours du punk-rock en fait », précise Jamie Morrison. « Notre premier album ne s'est très bien vendu alors, quand on a la chance de pouvoir en faire un second, on essaye qu'il soit meilleur, plus grand. Nous avons utilisé beaucoup plus d'instruments, notamment des cordes, ce qui donne peut-être ce côté plus jazzy qu'avant, même s'il y avait déjà du jazz sur le premier disque. Nous avons testé de nouveaux sons et de nouveaux procédés de composition. En tout cas, nous sommes ravis et fiers du résultat final », poursuit Shingaï Shoniwa.
On l'aura compris, les Noisettes sont des passionnés, ils voient toujours plus grand, plus loin, plus vite que la plupart des groupes. « Certains groupes gardent toujours le même style », explique Shingai Shoniwa. « Ils se réunissent car ils partagent les mêmes goûts musicaux, ils ne font jamais rien de différent. Nous sommes un gang, mais nous sommes également trois divas avec des collections de disques différents, qui se font mutuellement et constamment découvrir de nouveaux sons. Pour nous, faire de la musique signifie garder les oreilles ouvertes ». Ainsi leurs diverses influences se retrouvent sur Wild Young Hearts, avec un premier single groovy-funky intitulé Don't Upset The Rythm, qui a cassé la baraque tous les soirs durant des concerts sporadiques donnés l'année dernière, incluant une représentation à South By South West et une tournée en France.
Sachant qu'ils tenaient, avec ce premier titre, quelque chose de lourd, les Noisettes se sont alors enfermés dans un studio londonien en juin 2008 avec le producteur des Arctic Monkey, Jim Abbiss.
« Il peut paraître ennuyeux et vieux jeu, mais il est très ingénieux et il a eu un véritable apport artistique sur cet album. C'est quelqu'un avec qui on a pu exprimer et expérimenter la moindre de nos idées. Il a été très paternel et nous nous savions entre de bonnes mains », raconte Shingaï Shoniwa. « Il a su tirer le meilleur de notre façon de jouer et je pense sincèrement qu'il a été la vraie bonne personne pour cet album », précise Jamie Morrison.
L'éternité dans un album
Est alors né cet incroyable album, Wild Young Hearts, titre de l'une des chansons qui le composent et qui parlera certainement à chaque personne. Chacun pourra se rappeler, en l'écoutant, des moments de son passé qui ont comptés, les personnes qu'il a rencontrées, celles qu'il a aimées et/ou perdues, les instants oubliés de sa jeunesse, ceux qu'il a gardés au fond de son coeur… C'est en tout cas l'espoir que fomente le groupe car c'est pour cela qu'ils l'ont fait. Un disque au doux parfum d'éternité, mêlant l'énergie de la passion et le souvenir des temps chéris. « Il s'agit de se sentir jeune et de se comporter comme quelqu'un de jeune, quelque soit son âge », explique Dan Smith, le guitariste du groupe. « Nous sommes tous trois devenus des amis proches en faisant cet album.
Nous nous sommes saoulés ensemble et avons même saccagé quelques chambres d'hôtel. Nous sommes très différents et spontanés, mais nous avons créé un lien que vous pouvez entendre dans les chansons ». Ce qui n'a pas changé avec les Noisettes, c'est l'énergie qu'ils consacrent à la scène. Décrits comme« le meilleur groupe live de Grande-Bretagne » par The Guardian, on a pu encore le découvrir lors de leur récent show en France, à la Boule Noire de Paris. Shingaï Shoniwa y était très séductrice, adoptant des positions toutes plus sensuelles les unes que les autres; on l'a vu se précipiter dans le public pour pouvoir chanter du fond de la salle et partager un moment privilégié avec tous, elle s'est même suspendue au plafond, chantant à l'envers telle une panthère… Les Noisettes ne sont pas perfectionnistes, ils sont spontanés. Un bon concert est tout aussi important qu'un album pour eux.« C'est dans l'imperfection qu'on trouve la perfection », explique Jamie Morrison. Le groupe semble alors être le digne représentant du rock dans sa modernité et dans sa façon non conventionnelle de l'aborder. « Nous sommes résolument tournés vers l'avenir. Nous n'essayons pas d'être à la mode, nous voulons faire de la musique pour tout le monde. Notre but est de prouver que la musique pop peut aussi être alternative et excitante. Avec cet album, je sais qu'on peut y arriver », conclut Shingaï Shoniwa.
THE NOISETTES
Mercury/Universal Music
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