Où l’on apprend que Louis Vuitton ne fait pas que de la bagagerie de luxe…

Quel rapport entre la Corée et Louis Vuitton ? On a envie de dire : le même qu'entre un poisson et une bicyclette. Et pourtant…

A l'espace culturel Louis Vuitton est actuellement exposée l'avant-garde de l'art contemporain coréen.

Aller à l'espace culturel Louis Vuitton c'est, comment dire, comme aller se faire fashioniser la capillarité chez Toni and Guy, il faut le faire au moins une fois.
Nous arrivons, vaguement coiffée et en baskets approximatives, dans un hall immense. La réceptionniste nous demande gentiment d'y patienter en attendant notre hôtesse. Lorsque celle-ci apparaît en pantalon tailleur chic, arborant un minuscule bip-bip ultratechnologique, elle nous invite non pas à prendre l'ascenseur mais à nous livrer à une expérience sensorielle. Plongés dans le noir absolu le temps de la montée, nous pénétrons enfin dans la galerie où un charmant monsieur nous débarrasse de nos manteaux et nous offre le catalogue de l'exposition en papier glacé, du genre de ceux qu'on zieute avec envie derrière une vitre en comptant vaguement et sans y croire les quelques pièces presque importunes de notre porte-monnaie. Et là, seuls au sein de cette galerie splendide, surplombant tout Paris et nous offrant un panorama de la Tour Eiffel jusqu'au Sacré-Cœur, nous contemplons hors du temps un pigeon qui volette indolemment dans le gris ouaté du ciel au-dessus de la capitale enfin silencieuse… Mais qu'est-ce qu'on fait là déjà ? Ah oui, l'exposition ! Eh bien l'exposition, elle est très bien ! Dix artistes évoquent les mutations économiques, culturelles et technologiques qui ont transformé la Corée en profondeur depuis les Jeux Olympiques de Séoul et l'élection d'un président au suffrage universel en 1988.
Au sein de l'exposition « Métamorphoses » on retrouve donc Hyungkoo Lee et ses squelettes dérangeants de personnages de cartoon et les mondes minuscules à débusquer à l'aide d'une loupe de Ham Jin. Il y a aussi l'humour étrange de Beom Kim qui nous apprend comment devenir un rocher, un léopard, un climatiseur en panne ou un arbre : « Développez votre corps en le musclant. Placez-vous au centre d'un terrain – dans un jardin, à la montagne ou dans des champs – avant tout dans un endroit ensoleillé. […] Puis ne pensez plus, ne parlez plus, fermez les yeux et ne bougez plus. Ne demandez à personne d'arroser vos pieds. Si quelqu'un le fait, soyez heureux mais ne cherchez pas à vous en souvenir. ». Pendant ce temps, les Translated Vases de Sookyung Yee, porcelaines monstrueuses, ont déjà bien entamé leur transformation…Extrêmement bien sélectionnés et inscrivant l'exposition dans une cohérence thématique et esthétique, ces dix artistes présentent chacun une vision sensible de la Corée moderne.


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