Expo : We want Miles !
Depuis le vendredi 16 octobre et jusqu’au dimanche 17 janvier 2010, la Cité de la musique rend hommage au plus grand jazzman de l’histoire: Miles Davis. Une exposition qui fait la part belle à sa musique de génie mais qui n’élude aucun détail d’un parcours aussi exceptionnel que sinueux.
La Cité de la musique n’a pas choisi de faire honneur à Miles Davis cette année par hasard. 2009 représente un double anniversaire pour le jazzman. Il y a cinquante ans, naissait ainsi le chef-d’œuvre Kind of Blue, toujours considéré comme le meilleur album de jazz de l’histoire. Dix ans auparavant, Miles Davis découvrait pour la première fois de sa vie Paris, lors du festival de Pleyel.
Avec le soutien du Miles Davis Properties et de nombreux objets envoyés par la famille, la Cité de la musique offre ainsi un panel très large de ce qu’ont été la vie, le parcours, la carrière et le destin de Miles Davis.
De son enfance à Saint-Louis, le spectateur découvre des photos de famille jaunies par le temps. Surtout, on peut déjà percevoir les prémices d’une personnalité contrariée. Enfant de la bourgeoisie, Miles est élevé dans un fort sentiment de fierté raciale, prônant l’intégration à la société blanche. Une éducation qui forge immédiatement son caractère qui refusera très tôt la condition des noirs aux Etats-Unis, durant les années 50.
Il débute à Harlem
Le parcours de l’exposition se poursuit avec ses débuts musicaux. Parti à New-York, il fera ses débuts dans les clubs d’Harlem. La rencontre avec Charlie Parker, la 52e Rue, la découverte du be-bop puis la création d’un style propre: le cool. Le jazzman cool Miles Davis naît ainsi lors de ces soirées mélodieuses que seule la ville qui ne dort jamais peut offrir… Le spectateur lui, découvre les prémices du génie autant avec les yeux que les oreilles. La Cité de la musique a ainsi pensé l’exposition. Tout au long du parcours, des « sourdines » – de petites salles isolées dont le nom donné fait référence aux sourdines qu’utilisait Miles pour obtenir ce son qui lui est propre – offrent une écoute très confortable des différents albums du jazzman. Une très bonne idée permettant de bien suivre l’évolution musicale de la star.
Mais « We want Miles » ne s’arrête pas aux mélodies du génie. Une personnalité très forte, une addiction à la drogue, de nombreuses conquêtes et un amour des jolies femmes toujours revendiqué… Miles Davis ne fut pas qu’un jazzman classe et propre sur lui. Les différentes salles s’enchaînent ainsi en accord avec les évolutions morales de Miles. Les années 50, la rédemption pour se sortir de la drogue, le succès du premier quintet et la réussite sociale, l’image beaucoup plus contrôlée sur les Unes des magazines, les années stars… Tout s’enchaîne avec toujours le même plaisir de découvrir des clichés exceptionnels, des anecdotes croustillantes et des sourdines toujours aussi agréables pour l’écoute. On comprend aussi son caractère et sa lutte contre la ségrégation par pochettes de cd interposées. La première avec une habituelle playmate blanche de l’époque qu’il refusera, préférant mettre en avant ses différentes maîtresses. De vraies beautés noires.
La dépression puis les 70’s!
L’expo fait ensuite la lumière sur sa dépression de quatre ans. Un couloir, des photos rougies où la solitude semble le peser, des lettres d’amis, Miles est au plus bas… Ce couloir de la déprime se termine sur une note bien plus délurée. Place aux années jazz-rock ! La rencontre avec Jimi Hendrix pour déclic, Miles Davis change, fait évoluer son œuvre au même rythme que l’ambiance des 70’s s’électrise. Couleurs flashy, dessins psychédéliques sur les pochettes d’albums – notamment l’étonnant Live/Evil – changement de style vestimentaire… Enivré par ce nouvel esprit rock, Miles Davis se lâche et c’est toute sa vie qui prend des couleurs. Et comme toujours, sa musique suit
En dernier hommage, l’ultime concert parisien de Miles Davis. A la Villette, quelques semaines avant son décès. Une salle retransmet le show dans une ambiance live, plutôt plaisante. Un dernier cadeau au spectateur qui ne peut ressortir de l’expo qu’avec une seule idée en tête : We want Miles !
Crédits photos: Caroline Hocquet
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