Pilote d’hélicoptère dans l’armée de Terre : plus qu’un métier, une passion
Le bac en poche, vous souhaitez vous engager au sein de l’Armée de Terre ? Devenez pilote d’hélicoptère. A l’issue d’une sélection exigeante mais accessible, c’est l’assurance d’une d’exercer un métier hors du commun fait de rigueur mais aussi de passion et d’aventure, et de vous reconvertir ensuite aisément dans le civil.
Devenir pilote d’hélicoptère dans l’Armée de Terre, c’est d’abord s’engager à servir la France en tant que militaire. C’est aussi piloter un aéronef à la pointe de la technologie comme le Tigre, qui s’est imposé comme une référence en termes de systèmes d’armes dans les combats en Afghanistan et en Libye, ou le NH90-Caïman, dont la mise en service dans l’Armée de Terre vient de débuter.
Un engagement militaire et un métier de passion
Le Lieutenant Bardet, officier sous contrat pilote en régiment, se rappelle d’une mission : « C’était le 1er janvier, au Kosovo. Mon chef de bord m’a réveillé à 3h du matin pour une mission d’évacuation sanitaire. Jeune pilote, je n’étais pas très rassuré à l’idée de piloter de nuit et sous la neige. Mais dès que je suis monté dans l’hélico, mes inquiétudes ont disparu. Tout s’est très bien passé et nous avons évacué le blessé à temps. Lorsque nous sommes arrivés à l’hôpital, nous avons descendu le blessé sur la civière, et à ce moment là, le mec m’a pris le bras et m’a dit « merci ». Ça prend aux tripes et on se dit qu’on n’a pas fait ça pour rien. J’en garde un très bon souvenir. » « Être pilote d’hélicoptère, c’est merveilleux, continue t-il. C’est un métier très complexe, et aucune mission ne se ressemble. Et contrairement à d’autres spécialités de l’Armée, nous sommes en sécurité. L’Armée de Terre investit beaucoup d’argent dans notre formation, et nous pilotons des aéronefs à la pointe de la technologie. Les pilotes d’hélicoptère ne sont pas envoyés n’importe où ! »
Le Lieutenant Tellier, moniteur à l’EALAT au Luc, considère le métier de pilote d’hélicoptère comme « un métier de passion et d’engagement. » « C’est une belle aventure et un beau profil de carrière, explique t-il. Avant de s’engager, il faut être tout de même conscient que tout militaire doit faire quelques sacrifices au niveau de la vie privée. Mais cela ne doit pas être un frein, car être soldat ne signifie pas renoncer à une vie de famille. Avec 9 semaines de congés par an, il est possible de concilier vie privée et vie professionnelle. En cas de mutation, il y a également des possibilités de rapprochement de conjoint. Beaucoup de militaires arrivent sans problème à gérer leur vie de couple. Je suis marié depuis plus de 20 ans, j’ai 4 enfants, et je ne regrette pas de m’être engagé comme pilote d’hélicoptère. »
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Les missions d’un pilote d’hélicoptère au sein de l’Aviation Légère de l’Armée de Terre
Composante de l’Armée de Terre, l’ALAT (Aviation Légère de l’Armée de Terre) a pour mission de soutenir les forces engagées au sol. Les missions des pilotes d’hélicoptère sont très variées : évacuation de blessés ou de ressortissants, reconnaissance d’un terrain, escorte de convois militaires, transport de matériel ou de troupes militaires, destruction d’une cible, assistance aux personnes sinistrées après une tempête ou une inondation, etc.
En fonction des missions, différents types d’aéronefs sont utilisés. Très rapide, la Gazelle est efficace pour des missions de reconnaissance, et s’avère être un excellent hélicoptère antichar ou antiaérien. A terme, elle sera remplacée par le Tigre, hélicoptère de combat nouvelle génération en cours de livraison. En plus d’être mieux armé, mieux protégé, il permet de transporter des charges plus lourdes. Le Tigre est plus efficace que la Gazelle sur des terrains nivelés et lorsqu’il fait très chaud. Le Cougar et le Caracal sont des hélicoptères de « transport et de manœuvre », capables de voler en toutes circonstances météorologiques. Évolutions du Puma, hélicoptère de transport de la précédente génération, ils sont capables de voler avec de plus lourdes charges. Ils devraient être remplacés peu à peu par le NH90-Caïman, hélicoptère lourd de nouvelle génération.
Le Chef de Bataillon Cartoux, pilote d’hélicoptère, donne un exemple concret de son métier : l’extraction de ressortissants. « Pour cela, il faut déjà au préalable effectuer des missions de reconnaissance pour évaluer la situation. Les hélicoptères balaient des secteurs et collectent différentes informations. C’est grâce à celles-ci qu’une stratégie d’intervention est mise en place. » Ensuite, l’assaut est lancé : des hélicoptères de manœuvre, comme le Cougar et le Caracal, sont utilisés pour transporter les militaires (forces spéciales ou infanterie), tandis que des hélicoptères d’attaque, comme le Tigre ou la Gazelle, les accompagnent pour gérer l’ennemi ou faire diversion pendant l’attaque des forces armées au sol. Les ressortissants sont ensuite libérés et transportés via les hélicoptères de manœuvre en zone neutre. En fonction de la situation, un Puma gère les réarmements de troupes au sol et évacue les blessés si il y en a. Vulnérable, il sera toujours accompagné d’un Tigre ou d’une Gazelle. Une fois l’opération terminée, les militaires sont évacués.
Vous avez le Bac ? Tentez-votre chance !
Si vous avez le Bac et que le métier de pilote d’hélicoptère vous intéresse, n’hésitez plus : poussez la porte du CIRFA (Centre d’Information et de Recrutement des Forces Armées) le plus proche de chez vous afin de vous renseigner. Un conseiller vous accueillera et répondra à toutes vos questions. Vous pourrez alors fixer la date d’un premier entretien, durant lequel vous montrerez votre motivation. Il vous sera aussi demandé les documents nécessaires à l’ouverture de votre dossier. Vous serez ensuite convoqué à un second entretien, à la fin duquel le conseiller donnera un avis, favorable ou non, sur votre profil.
Si vous recevez un avis favorable, vous serez alors convoqué à Vincennes, au département d’évaluation ALAT. Pendant 36 heures, vous devrez passer une batterie de tests : physique, cognitif (logique, mémoire, anglais, maths), médical, psychologique et psychomoteur. Attention ce dernier ne peut être passé qu’une seule fois dans sa vie. Fait pour mettre les candidats en situation de vol, il sert à évaluer la coordination des pieds et des mains mais aussi le partage d’attention, c’est-à-dire la capacité à pouvoir prendre en considération, au même moment, toutes sortes d’informations dans un environnement. Réalisé dans un véritable cockpit d’hélicoptère, vous devrez contrôler la position de l’hélicoptère via une manette (simulation à l’aide d’un ordinateur), tout en mémorisant le nombre de lumières qui s’éclairent. Vous serez évalué à trois reprises pendant 4 minutes. Le deuxième jour, la difficulté de l’exercice est augmentée : vous aurez à mémoriser, en plus de gérer la manette, une série de chiffres tout en répondant à des questions posées, et cela trois fois de suite pendant 4 minutes. Mais attention, ces tests ne peuvent être et ne doivent être préparés : même si certains candidats divulguent sur Internet les séries de chiffres, il ne faut en aucun cas apprendre cela par cœur. D’une part, les tests seront faussés, et d’autre part, le jury s’en rendra compte et vous éliminera pour cause de « trop bons résultats. »
Les épreuves de sélection comprennent aussi un entretien avec un psychologue qui évoluera votre stabilité émotionnelle. Une visite médicale approfondie dans un centre principal d’expertises médicales du personnel navigant de Paris (CPEMPN) déterminera vos aptitudes physiques et plus spécifiquement, votre acuité visuelle et votre capacité à voir de nuit. Après un entretien de motivation, et selon vos résultats aux tests, le jury rendra un avis, favorable ou non. Pour 10% des candidats, le résultat est positif. Certes, la sélection est difficile, mais chacun a sa chance de devenir pilote, servant sous contrat d’officier (OSC/P), et plus de 85% des élèves réussissent pleinement leur scolarité.
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Une formation complète et diversifiée
Après avoir été sélectionnés, les admis obtiennent le statut d’aspirant et commencent leur instruction par une formation militaire. Pendant 14 semaines, les élèves-pilotes apprennent à devenir militaire et officier aux écoles de Saint-Cyr Coëtquidan : apprentissage de la discipline, de l’environnement militaire, apprentissage de la vie collective, entrainement sportif, cours théorique et pratique (fonction d’officier, objectifs, savoir-faire techniques et tactiques), développement de l’esprit d’équipe, etc. Lors de cette première période de formation, le taux d’abandon est très faible.
Ensuite, les élèves sont affectés à l’école de l’Avion Légère de l’Armée de Terre (EALAT) à Dax. Pendant un an, ils vont apprendre à piloter des hélicoptères civils (cours théorique et cours pratique) et obtenir, après 135 heures de vol, une licence de pilote professionnel (CPLH – Commercial Pilot Licence Helicopter). Durant cette formation, les aspirants sont notés et le classement final leur permet de choisir un régiment et la spécialité qu’ils souhaiteront acquérir à l’EALAT au Luc en Provence (Gazelle, Tigre, Puma, Caïman, etc.).
Avant de commencer la troisième partie de la formation de pilote d’hélicoptère au Luc, les élèves officiers sous contrat (OCS/P) sont affectés dans un régiment : Phalsbourg, Etain, Pau ou Montauban. Selon la spécialité qu’ils ont choisie, les élèves officiers se rendent à l’EALAT au Luc en Provence pour commencer la formation de pilote militaire. Ils suivent des modules (cours pratique et cours théorique), qui sont dispersés dans le temps. La durée de la formation varie selon la spécialité choisie (jusqu’à 2 ans) : hélicoptère de reconnaissance et d’attaque (Gazelle) – hélicoptère d’appui protection (Tigre), hélicoptère d’accompagnement et de reconnaissance (Gazelle), hélicoptère de manœuvre d’assaut (Puma, Cougar, Caracal, NH 90).
A l’issue des 4 ans de formation et après l’obtention de la qualification de pilote d’hélicoptère militaire, les élèves OSC/P signent un premier contrat de 10 ans, durant lequel il est possible d’acquérir une qualification de moniteur ou de chef de patrouille. Le contrat peut être renouvelé pour une période de 10 ans. Les meilleurs OSC/P peuvent ainsi prétendre au commandement une escadrille de vol (en moyenne 20 pilotes et 8 hélicoptères).
Tout au long de la formation, les élèves reçoivent une solde, qui évolue selon les étapes de la formation, puis de la vie professionnelle : elle est de 1 100 € (nets) à Saint-Cyr Coëtquidan, 1 300 € à Dax, 2 100 € après Dax, et 3 500 € environ 9 ans après le recrutement (sans compter les primes, qui peut représenter la moitié du salaire, et les indemnisations en fonction de la situation familiale). Chaque militaire dispose de 9 semaines de congés par an.
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Retour à la vie civile
A la fin de du contrat et sous réserve de réunir 4 années effectives de service, les pilotes d’hélicoptère de l’armée de Terre ont la possibilité de se reconvertir dans le civil. Disposant d’une licence de pilote professionnel (CPLH – Commercial Pilot Licence Helicopter) obtenue à Dax et de nombreuses années d’expérience du pilotage, ils n’ont aucun problème de reconversion. Pour le Lieutenant Tellier, il y a un côté rassurant : « Nous avons la possibilité de faire deux carrières, une militaire puis une civile. Beaucoup de portes nous sont ouvertes, car la formation de l’Armée de Terre est très complète. Nous disposons aussi de nombreuses heures de vol et d’au minimum 10 ans de carrière. »
Interview d’un élève OSCP au Luc en Provence :
L’Aspirant Hue, 21 ans, se souvient très bien de son premier vol : « Lorsqu’on a quitté le tarmac, j’ai pris conscience que j’allais enfin devenir pilote d’hélicoptère, et que mon rêve se réalisait. Je me suis dit : enfin ! C’est merveilleux de voler. A Saint-Cyr Coëtquidan et au début de la formation à Dax, où l’on commence par des cours théoriques, on pense qu’on n’y arrivera jamais. Après, tout s’accélère. Aujourd’hui, j’ai ma licence civile de pilote d’hélicoptère, et bientôt j’obtiendrai ma qualification militaire de pilote d’hélicoptère de combat, spécialisée pour le pilotage de Gazelle et de Tigre. Le fait d’apprendre un métier avec de grandes responsabilités m’a aidé à mûrir très rapidement, et je m’en rends compte par rapport à mes amis. J’ai aussi appris à gérer mon stress et à être autonome. Si je peux donner un conseil aux jeunes qui souhaiteraient s’engager comme pilote d’hélicoptère, c’est qu’il faut y croire. Il faut être très motivé, et cela tout au long de la formation, parce qu’il y a beaucoup de travail à fournir. Mais si vous êtes passionné par l’aéronautique et que le statut de militaire vous intéresse, il faut se lancer. C’est un métier où il n’y a pas de routine, il faut aimer voyager et l’aventure. J’ai hâte de terminer ma formation pour faire une première opex. »
Pour devenir pilote d’hélicoptère dans l’Armée de Terre, les candidats doivent :
– être de nationalité française et jouir de ses droits civiques ;
– être en règle vis-à-vis des obligations de la JDC (ex-JAPD) ;
– être titulaire d’un baccalauréat général, technologique, professionnel, ou d’un diplôme d’un niveau équivalent au moment de la souscription du contrat ;
– être majeur(e) et âgé(e) de moins de 29 ans ;
– être médicalement apte ;
– et avoir réussi les tests de sélection ALAT.
Pour plus d’informations, n’hésitez pas à consulter le site Internet de l’armée de Terre www.recrutement.terre.defense.gouv.fr
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