Le master : un diplôme universitaire et un sésame professionnel
Depuis la réforme LMD (licence-master-doctorat), un ensemble de mesures ambitieuses esquissées en 2002 afin d’harmoniser les formations universitaires à l’échelle européenne, le master constitue le diplôme phare de niveau bac + 5 dans l’enseignement supérieur. Accessible aux bourses les moins remplies, mais extrêmement sélectif, il dote les jeunes diplômés d’armes d’insertion massive : une excellente culture G., un esprit d’analyse et de synthèse, une formation alliant théorie et pratique, etc. Oui, mais voilà, le master universitaire s’incarne dans une multitude d’universités, de filières et de spécialités, de telle sorte qu’il n’est pas facile de savoir où l’on met les pieds. Pas de panique ! Campus vous éclaire dans l’obscur dédale des masters universitaires, qui courent des sciences aux arts en passant par les lettres, les langues et les technologies.
Master : un diplôme, un label, un grade
Avant de pénétrer dans les arcanes administratives et juridiques du master, il est essentiel d’en cerner les contours qui, clairs en apparence, peuvent sembler flous aux profanes ou aux presbytes. Car si le vocable « master » qualifie un diplôme national de niveau bac + 5, obtenu sur les bancs de la Fac et reconnu aux quatre coins de l’Europe, il correspond aussi et surtout à l’un des quatre grades définis par l’Education nationale : le baccalauréat, la licence (bac + 3), le master (bac + 5) et le doctorat (bac + 8). Accessible aux licenciés, il se déroule sur quatre semestres, soit deux années (M1 et M2), et sanctionne une formation universitaire sur 120 heures de crédits européens.
Le master est l’un des rares diplômes de niveau bac + 5 qui jouissent de la garantie de l’Etat, avec les diplômes d’Ecoles d’ingénieurs, d’Ecoles supérieures de commerce (ESC) et d’Instituts d’études politiques (IEP). C’est pourquoi, ce label confère aux formatons qui le délivrent comme aux étudiants qui l’obtiennent une certaine aura. Méfiez-vous des contrefaçons ! Les « mastères », les « Masters of » et autres « Master of Business Administration » (MBA) ne font l’objet d’aucune accréditation par l’Education nationale et ne permettent donc pas de faire valoir une équivalence en France ou en Europe.
Master professionnel versus master recherche : une limite floue
Entre master professionnel et master recherche votre cœur balance ? Vous vous sentez l’âme d’un chercheur qui, mue par la passion, est capable de pondre un bouquin plus épais que lui sur les « compressions osmotiques intenses chez la levure saccharomyce cerevisia » ou n’importe quel autre sujet exotique, voire inaccessible au commun des mortels ? Vous vous sentez prêts à rempiler pour quatre ou cinq ans d’études ? Optez pour l’un des 1.300 masters recherche (ex-DEA) recensés en France. Vous en avez marre de l’école, ses codes éculés, ses bancs mutilés et ses profs sclérosés qui vous rabattent les oreilles depuis des dizaines d’années avec leurs théories vaseuses et leurs biblio poussiéreuses ? Vous vous sentez prêts à entrer dans la vie active ? Postulez à l’un des 2.500 masters professionnels (ex-DESS).
Restons sérieux deux minutes… En principe, le master professionnel fabrique bel et bien des jeunes diplômés « prêts à l’emploi », quand le master recherche forme lui des futurs docteurs et aspirants-chercheurs. Mais en réalité, la distinction entre les deux formations est bien moins marquée et sans cesse remise en question. Aujourd’hui, nombre de masters recherche introduisent des unités professionnelles dans leur programme et, inversement, la plupart des masters professionnels proposent des modules de recherche. Par ailleurs, la porosité de la frontière entre les deux formations permet aux étudiants « douteux » de se réorienter entre le master 1 et le master 2. C’est pourquoi, certaines universités ont choisi d’abolir « l’apartheid » entre les deux cursus en créant des masters « métissés ».
Postuler en master : comment se frayer un chemin en 3e cycle ?
Si l’entrée en première année de master (M1) est un principe de droit, accessible à l’ensemble des diplômés détenteurs d’une licence adaptée au master visé, de plus en plus de formations, dont les capacités d’accueil sont limitées et les candidatures reçues quasi-illimitées, dressent des barrières à l’entrée. Il ne faut pas se le cacher, la sélection opérée entre le M1 et le M2, même si elle varie selon les filières et les universités, est réelle. Ainsi, le taux de recrutement à l’entrée des meilleurs masters se situe entre 7,5% et 15% (2011). Pourquoi ? Parce que le nombre de places disponibles est restreint (les salles de classes remplacent les amphis capables d’accueillir sur leurs bancs plusieurs centaines de paires de fesses d’étudiants), le niveau espéré plus élevé et les compétences attendues plus pointues.
Suivez le précepte du philosophe du 92 Booba : Gardez la pêche ! Car, si vous appliquez ces quelques conseils de bon sens, vous aurez la chance d’entrer dans le master de vos rêves. Construisez-vous un projet professionnel solide et cohérent que viendront illustrer votre curriculum vitae et votre lettre de motivation, puis assurez-vous qu’il corresponde au master en question. Un master dont vous devez connaître les cours, les professeurs et les objectifs par cœur. Pour cela, rendez-vous aux journées portes ouvertes de l’école, visitez ses locaux, rencontrez ses anciens élèves et feuilletez ses brochures. Enfin, remplissez avec soin le dossier d’admission (et n’oubliez aucun papier), entraînez-vous pour les tests d’admission, préparez votre entretien oral en choisissant une tenue correcte mais décontractée, en détaillant votre parcours (unique) et vos motivations (réelles) et en suivant l’actualité du secteur concerné. Si vous pensez ne jamais y arriver alors, faites comme La Fouine, restez en chien.
Insertion professionnelle : l’université, une « usine à chômeurs » ?
Il est temps de faire taire les cassandre qui prétendent que l’université, inadaptée aux réalités du marché, est une fabrique de « Pôle-employés ». Certes, les diplômés d’un master universitaire ont des taux d’emplois plus faibles que leurs camarades d’écoles d’ingénieur ou d’école de commerce (65% en moyenne pour les premiers contre, respectivement 78 et 76% pour les autres, selon l’enquête d’insertion 2010 de l’APEC). Mais, ce taux varie du tout au tout selon les formations, et le master reste, pour certaines professions, le sésame d’une bonne insertion. Restons honnêtes : les masters de sciences humaines et sociales comme les masters de lettres peinent à trouver une place au sein de l’entreprise et pâtissent aujourd’hui d’un relatif déclassement, visible au niveau du contrat de travail, du statut et du salaire.
Photo : Romain Duris dans L’Auberge espagnole © Mars Distribution
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