Alternance : interview de Laurent Pinède, DRH
Laurent Pinède est Directeur des Ressources Humaines chez SGS Qualitest Industrie, leader mondial de l’inspection, du contrôle, de l’analyse et de la certification (certification ISO, contrôle technique automobile, contrôle non destructif*, etc.) Cette entreprise emploie 2 350 salariés en France et 59 000 dans le monde. Profils recherchés par l’entreprise, avantages et inconvénients de l’alternance, Laurent Pinède nous donne quelques éléments de réponse sur ce type de formation.
Quels profils recherchez-vous ?
Nous recherchons des experts dans leur domaine. C’est difficile car les métiers sont peu connus, peu identifiés et correspondent à des niches. Par exemple, tous les jeunes qui ont des BTS ou des DUT ROC (métallurgie, ferronnerie, etc.) ont trois ou quatre propositions d’embauche à l’issue de leur formation parce que la demande explose dans ce secteur et que leurs profils sont très recherchés. Nous, nous recherchons des professionnels qui auraient acquis des certifications au gré de leur expérience. Mais comme le marché des experts est limité, nous prenons le pari de prendre des jeunes entre bac et bac+2, qui auraient une sensibilité technique, pour les former à nos métiers. Nous recrutons également des bac +4 ou des bac+5, type écoles de commerce, car nous avons besoin de certificateurs, d’auditeurs, etc.
À quel moment vous êtes-vous décidé pour l’alternance ?
L’alternance a toujours fait partie de notre mode de recrutement car nous sommes dans des métiers où il y a pénurie. Nous nous substituons donc à l’école car il y a vraiment nécessité de les former nous-mêmes à nos métiers. Le phénomène s’intensifie depuis deux ans car nous avons repris pied sur le marché du nucléaire.
Quels sont les avantages de l’alternance pour l’entreprise ?
L’avantage principal est que l’apprenti, jeune, motivé et volontaire, redynamise l’entreprise en lui apportant une nouvelle vision des choses. En outre, les étudiants embauchés en alternance sont déjà formés au CFA. Enfin, cela permet à l’entreprise de fidéliser l’étudiant ainsi que de le jauger. Cependant, le former est un processus long et intense car, en 18 mois, l’entreprise est censée lui apprendre dix ans d’expérience.
Les entreprises bénéficient également d’aides…
Oui, sont effectivement mises en place pour les entreprises qui emploient en alternance des allègements de cotisations, etc. Mais ces aides sont excessivement difficiles à obtenir, c’est un vrai combat administratif. Ce n’est donc pas ce qui motive.
L’alternance vous coûte-t-elle plus cher qu’un stage ?
Oui, car un stage est rémunéré aux environs de 400 euros. Mais la philosophie est différente : un stage c’est une validation, sur quelque mois, d’un projet en particulier.
Quels sont les avantages de l’alternance pour l’étudiant ?
Il y a, bien sûr, un avantage financier. De plus, l’alternance permet à l’étudiant de se rendre compte de son attirance pour le métier. Et, surtout, les années passées dans l’entreprise sont valorisées comme de vraies années d’expérience professionnelle. C’est pourquoi mieux vaut être en alternance qu’en stage.
Comment cela se passe-t-il en cas de rupture de contrat ?
Il y a ici une différence entre le contrat de professionnalisation, qui est un CDI, et le contrat d’apprentissage, qui est un CDD. Les règles de rupture qui s’appliquent aux CDI et aux CDD s’appliquent donc respectivement aux contrats de professionnalisation et aux contrats d’apprentissage. Sur le papier, il n’y a pas de différence entre un contrat de professionnalisation et un CDI, si ce n’est la rémunération qui varie, selon les principes de l’alternance dans le cas du contrat de professionnalisation.
Que pensez-vous qu’il faudrait améliorer dans ce système ?
Le gros problème est que la formation est souvent décalée par rapport à ce que demande l’entreprise. L’éducation nationale ne modifie pas ses programmes, ne s’adapte pas. C’est une question d’inertie : le laps de temps entre le besoin sur le marché et l’adaptation à la formation est souvent long.
La crise a-t-elle affecté votre recrutement de postes en alternance ?
Non. Même s’il est vrai que certains clients donnent des signes d’inquiétude plus forts et que nous sommes plus prudents dans nos recrutements.
Que conseilleriez-vous à un jeune qui voudrait se lancer ?
Je l’inciterais car c’est un bon pied à l’étrier. L’insertion est vraiment meilleure. Qu’il mette en avant sa fougue et son dynamisme plus que ses éventuelles compétences.
* Le contrôle non destructif vérifie les installations, par exemple de type nucléaire, sans prélèvement d’échantillon ni dégradation.
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