Le Glyphosate renouvelé pour 5 ans en Europe

La Commission européenne a renouvelé ce lundi la licence d’utilisation du glyphosate, pour une nouvelle période de 5 ans. Alors que la plupart des spécialistes voyait l’Allemagne s’abstenir lors de ce vote, le pays qui représente 16 % de la population européenne a surpris tout son monde en votant en faveur de la prolongation de l’herbicide fabriqué par la firme Monsanto. Ce vote met fin à deux ans de tractations difficiles sur l’avenir de cette substance, vivement critiquée par de nombreuses ONG européennes. La Commission européenne a en effet eu toutes les difficultés du monde à trouver durant cette période une majorité d’Etats souhaitant prolonger la licence de l’herbicide. Et c’est donc l’Allemagne qui a fait basculer ce processus en faveur du glyphosate.

Même avec l’Allemagne, la majorité requise a été obtenue de justesse, les dix-huit Etats favorables ne représentaient que 65,71 % de la population européenne, soit pile la majorité nécessaire pour renouveler l’autorisation (65% de la population européenne). Heureux, le commissaire européen à la santé  Vytenis Andriukaitis a notamment déclaré après la réunion : « Ce vote montre que quand nous le voulons vraiment, nous sommes capables d’accepter notre responsabilité collective dans le processus de décision ».  L’Allemagne mais aussi la Pologne ont donc voté en faveur du texte, alors qu’elles s’étaient abstenues lors du dernier comité. Un revirement décisif qui a néanmoins entrainé l’ouverture d’une grave crise en Allemagne entre le ministre de l’agriculture, le conservateur bavarois Christian Schmidt, et son homologue de l’environnement, Barbara Hendricks.

La France a de nouveau maintenu son opposition à la nouvelle autorisation en votant contre le texte, comme elle l’avait fait lors des derniers sommets. Quelques heures après la réunion, le président français Emmanuel Macron a d’ailleurs commenté les débats sur Twitter : « J’ai demandé au gouvernement de prendre les dispositions nécessaires pour que l’utilisation du glyphosate soit interdite en France dès que des alternatives auront été trouvées, et au plus tard dans trois ans ». La position officielle de Matignon est la même que celle du président. Dans une interview donnée à l’Agence France-Presse (AFP), Matignon « regrette » l’issue de ce vote et appelle la Commission à revoir ses modes d’évaluation de l’effet des substances chimiques sur la santé des populations. Les agences de l’institution européenne ont en effet régulièrement dédouané le glyphosate, contrairement au Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) des Nations Unies, qui a classé la substance comme probablement cancérigène en mars 2015.

De leur côté, les agriculteurs français, par la voix de la Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles, ont salué ce vote.  « Nous actons ce compromis de cinq ans qui n’a été possible que grâce au pragmatisme d’un grand nombre d’Etats membres européens et nous déplorons que la France ne s’y soit pas ralliée et ait choisi de faire bande à part ». De leur côté, les ONG s’indignent de la décision de la Commission :  « aujourd’hui, les gouvernements européens ont trahi les citoyens et les générations futures en offrant à nouveau l’autorisation d’endommager notre santé et notre environnement à l’herbicide le plus utilisé au monde, au lieu de fixer une date de sortie une bonne fois pour toutes », a notamment déclaré Genon Jensen, directrice général de Health and Environnement Alliance (HEAL).


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