Un joyeux non-réveillon !

Bon. Vous avez bien suivi j’espère. En cette période trouble de présages apocalyptiques, c’est toute la tradition de la bonne résolution qui en prend un coup. Car diantre, que choisir, en cette année charnière ? L’avenir, nonobstant les Nostradamus venus nous ratiboiser la joie de vivre en nous promettant moribonds et grand sommeil en 2012 ? Ou le court-terme pour faire honneur, tiens, à notre jolie société capitaliste ? Bigre, le choix est ardu. Une chose cependant est certaine : notre première pré-résolution devrait être d’arrêter de réveillonner. Au nom du bon goût.

Tout le monde sait d’expérience que le réveillon se révèle être la pire soirée de l’année et, de manière incompréhensible, le 31 à peine sonné, chacun ressort ses souliers surpailletés, ses décolletés maxiplongeants, son gel ultracollant, ses bas qui glissent et sa robe qui monte.
Jusqu’à quand va-t-on encore se plier aux desideratas sadiques d’un olibrius même pas nommé, qui se gausse d’avance de la cuite mémorable que l’on prendra à coups sûrs avec d’éminents inconnus ?
Jusqu’à quand va-t-on être convié à des soirées perruques pour le Nouvel An ? O moment capillaire douloureux où vous êtes apostrophé par quelques imbibés qui, croyant reconnaître en vous Nicolas Sirkis et sa chevelure problématique, vous exhortent à entonner « L’aventurier » tout en mâchant quelques cotillons. Pendant que l’autre est contre tout chacal, vous luttez, vous aussi égaré dans la vallée infernale, la prothèse chevelue de guingois à cause des assauts répétés et avinés de vos nouveaux amis. Vous priez : que l’année, s’il lui plaît, ne démarre pas sous le signe de la parfaite nullité. Mais le décompte est implacable et, malheureusement, vous entamez la nouvelle année dans les bras d’étrangers rigolards qui vous titillent le postiche en tentant, pour une raison obscure, de vous mettre le doigt dans l’oreille.

Ce n’est plus possible.

Cette année, à l’instar du Lapin de Mars et du Chapelier Fou qui se souhaitent de joyeux non-anniversaires, je vous souhaite, en ce 30 décembre, un joyeux non-réveillon !

Dernière chose : ce Noël, le dernier des humanistes m’a offert un ouvrage au titre enchanteur : Vie de merde. Il faut l’avouer, ces grands moments de solitude (qui sont bien la chose du monde la mieux partagée) stimulent les zygomatiques. … Je vous encourage donc, également, à nous faire profiter de vos pires expériences en matière de réveillon.

Et vous souhaite une excellente année…


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