Notre-Dame-des-Landes : la mobilisation anti-Ayraultport continue !
Vendredi, 500 gendarmes ont tenté d’évacuer les trois sites de la zone d’implantation de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire Atlantique) occupée depuis la manifestation du 17 novembre. Et si l’opération de délogement, menée dans un climat de guérilla, n’avait servi à rien ? Ce matin, des dizaines de personnes se sont rendues sur le site de Notre-Dame-des-Landes pour « protéger les cabanes réoccupées ».
Après une semaine d’occupation, les militants « anti-Ayraultport » ont été chassés de la zone d’aménagement différé (ZAD, rebaptisée « zone à défendre » par les squatteurs) par plus de 500 gendarmes armés de grenades et bombes lacrymogènes. Les « mercenaires de l’Etat » ont évacué les campements de fortune dans les bois – répartis sur trois sites : la ferme du Rosier, la Lande de Rohanne et la Châtaigneraie – et saisi les engins de chantier et les matériaux de construction des militants. Dans l’après-midi, de violents heurts ont opposé les forces de l’ordre aux activistes. Résultat : plusieurs blessés de part et d’autre, mais aucune arrestation.
L’opération, orchestrée par le préfet Christian de Lavernée, a-t-elle empêché la reconstitution d’un « camp retranché » ? Non. A l’appel de l’ACIPA (Association Citoyenne Intercommunale des Populations concernées par le projet d’Aéroport de Notre-Dame-des-Landes), les militants commencent aujourd’hui même la reconstruction du village temporaire…
Dès 5H30, des dizaines de personnes se sont rassemblées vers la parcelle de la Châtaigneraie – lieu emblématique de la lutte ayant accueilli les premières maisons de fortune au lendemain de la grande manifestation du 17 novembre – où 45 tracteurs encerclaient depuis dimanche soir les nouvelles cabanes. Les opposants au projet d’aéroport ne craignent-ils pas de voir leurs campements détruits de nouveau ? Où trouvent-ils la force – et l’entêtement – de construire et reconstruire, encore et encore, de nouveaux squats pour protester ?
Certes, les responsables de l’ACIPA ont reçu l’assurance de la préfecture de Loire-Atlantique que les opérations de déblaiement ne concerneraient que les gravats de la ferme des Rosiers… Aujourd’hui. Mais que se passera-t-il les prochains jours ? Les barricades enflammées et les tracteurs stationnés autour des campements dissuaderont-ils les forces de l’ordre d’intervenir une énième fois ? La détermination des militants finira-t-elle par s’essouffler devant l’intransigeance du Premier ministre et ancien maire de Nantes, Jean-Marc Ayrault ? Rien n’est moins sûr…
Après avoir proposé samedi une « commission de dialogue » et un report de six mois des travaux, M Ayrault a aussi expliqué dimanche par la voix de la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, que ces mesures n’auguraient « aucunement de revenir sur le projet d’aéroport » qui doit remplacer en 2017 celui de Nantes. De son côté, l’ACIPA et les élus opposés au projet (parmi lesquels de nombreuses personnalités d’Europe Ecologie-Les Verts) ont affirmé qu’il n’y aurait « pas de dialogue sans retrait des forces de police ».
Chacun campe (c’est le cas de le dire) sur ses positions ! Aucun compromis ne semble possible. Le projet du nouvel aéroport de Notre-Dame-des-Landes cristallise des tensions qui vont au-delà de l’opposition entre partisans de la « protection de l’environnement contre la mise en œuvre d’un projet coûteux et polluant » et ceux du « développement des infrastructures aéroportuaires dans une optique de relance de l’économie ».
Combien de temps encore se jouera « notre drame des landes » ?
Crédit photos : Stephane Mahe/Reuters
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