Jean Teulé: Sexe et Manigance à la cour du Roi
Et si l'on vous disait que le personnage le plus rock n'roll de l'Ancien Régime n'est pas Marie-Antoinette. Qu'une autre figure vient la détrôner de très loin. Que cet homme, qui fut la risée de son temps, a osé l'inimaginable pour l'amour de sa vie : affronter sa majestissime éminence le roi Louis XIV. L'écrivain Jean Teulé a retrouvé cet oublié de l'Histoire pour en faire le héros de son livre, Le Montespan. Il raconte.
La rencontre
Le Montespan, c'est d'abord l'histoire d'une rencontre : celle d'un écrivain et de son sujet. Et quel sujet ! Tombé dessus par hasard au détour d'un livre d'histoire, Jean Teulé se prend d'intérêt pour celui qu'on présente comme le «cocu le plus célèbre du XVIIe siècle », l'époux de la célèbre favorite du roi : la Montespan. « Lorsqu'il a appris son malheur, le marquis de Montespan a fait repeindre son carrosse en noir et l'a surmonté d'immenses cornes de cerf, les cornes de cocu », nous raconte Jean Teulé. «En lisant cela, je me suis dit : il me plaît. J'ai effectué des recherches et tout du personnage m'a fait fait rire et m'a touché. Ainsi, lors de sa condamnation à l'exil par le roi, Montespan a organisé les obsèques de son amour dans un cercueil vide. Avant cela, il est passé par toutes les prostituées les plus mal famées du tout Paris pour choper des maladies vénériennes et les refiler au roi en tentant de violer sa femme.Et il mènera cette vie torturée jusqu'à sa mort. Il déclarera d'ailleurs sur son lit de mort: Je ne réclame que la gloire de l'avoir aimée». Si ce n'est pas rock n'roll comme personnage ça ?
Vous avez détesté La Princesse de Clèves ? Vous adorerez Le Montespan !
Le Montespan, c'est donc le récit d'un personnage maudit, dans la lignée d'un Romeo, d'un Werther et d'un Kurt Cobain. Mais c'est aussi l'histoire d'un roman d'époque comme on aurait aimé les rencontrer sur nos bancs d'école. Un récit où se côtoient sexe, scatho et cocufiage. Cela change de ces romans classiques où tout n'est que luxe et magnificence. Alors, fantasme libidineux ou vérité toute crue ? L'intéressé répond : «Mais c'est vrai ! Chaque fois que je vois un film sur Louis XIV, tout est beau et chatoyant. Or, quand on lit des témoignages de l'époque, la cour de Louis XIV était une vraie poubelle. Et ce qu'on appelle le Grand Siècle est en réalité le siècle le plus sale de l'histoire de France. Dans sa vie, Louis XIV n'aura pris qu'un bain en 1665. Les nobles se mettaient du beurre dans les trous de carie. Et Saint-Simon raconte que les duchesses faisaient des phrases alambiquées en chiant tout debout ».
Lu et approuvé
Car Le Montespan, c'est enfin l'histoire d'un livre et de son romancier, épargnés par le feu de la critique. Et c'est sans compter la prose dithyrambique et les prix littéraires qui portent aux nues ce récit génial. Non, je parle ici de la terreur des petites gens s'essayant à l'écriture, le duo infernal du petit écran, j'ai nommé Zemmour et Naulleau. Notre survivant est passé deux fois sur le ring pour Le Montespan et son dernier roman Mangez-le si vous voulez. Chaque fois, il en est ressorti indemne. Il nous livre ses impressions : «C'est sûr, c'est angoissant de passer dans le fauteuil bleu que j'appelle le grille-pain. Vous ne savez jamais à quelle sauce vous allez être mangé. Si vous allez vous faire insulter ou encenser. C'est les jeux du cirque cette émission, et Zemmour et Naulleau en sont les chiens méchants. C'est qu'ils sont forts ces deux-là. Ils savent dire les phrases qui blessent. Passer sous le crible de leur regard critique est un exercice difficile. D'autant qu'il s'agit d'une émission importante, très regardée. En gros, soit ça se passe bien : le livre est apprécié, l'auteur n'a pas l'air d'un con et les ventes sont boostées. Soit ça se passe mal, et c'est l'hécatombe pour les ventes du livre. Dans mon cas, on a pu enregistrer une hausse de près de 50% dans la vente des livres après l'émission! Au final, mieux vaut bien faire cette émission que d'avoir vingt pages dans Libé ». Vous l'aurez compris, Le Montespan de Teulé est un must-read et bientôt un must-see, avec derrière la caméra Antoines de Caunes et dans le rôle-titre le grand Daniel Auteuil.
Le Montespan,
Editions Pocket,
Prix 6,50 euros
Mangez-le si vous voulez,
Editions Julliard,
Prix 17 euros
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