DSK: ce n’est pas encore gagné pour lui
Les médias annoncent depuis une semaine que les charges contre Dominique Strauss-Kahn seront bientôt abandonnées et que Kenneth Thompson, l’avocat de la victime présumée, devra jeter l’éponge. Pourtant, c’est tout le contraire qui se passe : le procureur de New York poursuit l’enquête, et Kenneth Thompson ne lâche rien.
Malgré les incohérences des déclarations de Nafissatou Diallo, révélées la semaine dernière par le New York Times, l’affaire DSK ne sera pas enterrée de sitôt. Alors que Benjamin Brafman, l’un des deux avocats de l’ancien patron du FMI, rencontrait hier le procureur de New York Cyrus Vance, Kenneth Thompson (photo), l’avocat de la victime présumée, accordait une interview au Parisien. La conclusion des deux rendez-vous est que l’enquête se poursuivra coûte que coûte.
On le pensait abattu, il est en fait plus déterminé que jamais. Kenneth Thompson, l’avocat de Nafissatou Diallo, campe sur ses positions : dans un entretien accordé hier matin au Parisien, l’avocat a répété qu’il fera « tout pour aller devant un grand jury. On en a les moyens. Les preuves irréfutables, c’est l’ADN, et elles ne manquent pas. » « Je peux vous dire qu’on a bien retrouvé des traces ADN sur la victime, explique-t-il, mais je ne peux vous dire où. » Avant d’assurer que sa cliente « a des lésions intimes, ses collants ont été déchirés et elle porte une blessure à l’épaule qui correspond à ce qu’elle dit. »
En fin d’après-midi, Benjamin Brafman et Cyrus Vance tenaient « une réunion constructive », selon les propres mots de l’avocat de DSK. Le procureur de NY, fragilisé par les nombreuses erreurs de l’enquête, n’est plus en position de force face à la défense de l’accusé. C’est pourquoi les médias étaient persuadés que le procureur allait abandonner les charges pensant sur l’homme politique. Que nenni ! Cyrus Vance a annoncé que l’enquête allait se poursuivre, que les charges étaient maintenues, et qu’il restait à la tête de cette affaire. Une manière de répondre à Kenneth Thompson qui lui avait envoyé une lettre pour lui demander de se retirer de l’affaire en nommant un procureur spécial, accusant le procureur d’être à l’origine des récentes fuites dans la presse :
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Cyrus Vance pourrait toutefois proposer l’abandon des charges les plus graves si et seulement si DSK plaide coupable pour les moins graves, comme la séquestration. A l’heure actuelle, où le témoignage de la femme de chambre est critiqué, la défense n’aurait aucun intérêt à accepter ce deal. Sauf si…
Sauf si les différentes expertises ne laissent plus de doutes à la thèse de l’agression sexuelle et de la tentative de viol, alors que la thèse défendue pour le moment par les avocats de DSK est le rapport sexuel consenti. Après que l’analyse des cartes magnétiques correspond à la version initiale des faits donnée par Nafissatou Diallo, c’est le rapport de l’hôpital qui a accueilli la victime après les faits présumés qui semble confirmer les accusations de la plaignante. Hier, Le Monde a obtenu un entretien exclusif avec Susan Xenarios, la directrice du Centre de traitement des victimes de crime (CTVC) qui a entendu Nafissatou Diallo après l’agression : la spécialiste des violences sexuelles est formelle, l’état de choc de la femme de chambre peut être conforme à celui d’une victime d’agression sexuelle.
Des éléments qui relancent une affaire que l’on croyait sur le point d’être terminée. La prochaine audience de DSK, le 18 juillet, est maintenue, et c’est à ce moment-là qu’on devrait en savoir plus.
Crédit photo: CORRIGAN / AFP
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